Elizabeth Kolbert, La 6e extinction – Comment l’homme détruit…
2016, Le Livre de Poche (480 pages), lu avec l’édition numérique réalisée depuis les éditions Guy Saint-Jean, au Québec en 2015 (434 p).
La planète Terre a connu cinq grandes extinctions de masse au cours des âges:
• Cambrien;
• Ordovicien (extinction due à une glaciation);
• Silurien;
• Dévonien (due aux variations climatiques et à la chute de l’oxygénation des mers);
• Carbonifère;
• Permien (baisse du niveau des mers, volcanisme basaltique important en Sibérie, anoxie…);
• Trias (idem, mais les causes restent encore assez obscures);
• Crétacé ( un astéroïde);
• la 6e extinction serait celle de l’holocène (entrée dans l’anthropocène). Elle a pour cause l’activité humaine et principalement la déforestation (fragmentation et destruction des territoires), la surchasse (et le braconnage), le changement climatique (la pollution, l’introduction d’espèces invasives), etc.
Elizabeth Kolbert nous décrit l’évolution des savoirs qui ont concouru à la découverte des cinq précédentes extinctions, en annonçant les composantes de ce qui serait la sixième à venir.
De Cuvier en France à Lyell en Angleterre puis à Darwin, le fait même de reconnaître qu’il y a eu des extinctions et quelle a été leur cause a nécessité de nombreuses années et débats, voire d’âpres conflits.
Est définie comme extinction, celle qui laisse une signature stratigraphique planétaire (p 160-2).
La prochaine extinction est estimée (si j’ai bien compris) à 24% en moyenne, calculée suivant l’équation : S=cAz (soit le nombre d’espèces lié à la surface, soumise à des coefficients divers de l’ordre de 10% (p 252 ).
L’autrice s’appuie sur de nombreux ouvrages scientifiques, mais aussi sur les résultats d’expérimentations sur le terrain en compagnie d’experts internationaux. Son exposé se déroule de manière didactique, mais chemine au long de ses excursions qu’elle agrémente d’anecdotes, d’humour et de remarques pertinentes.
C’est pourquoi cet ouvrage n’est pas moralisateur dans le sens où il n’est ni autoritaire ni rébarbatif. Il décrit un état de fait, chargeant notre conscience d’en tirer ses propres leçons. Si le livre d’Elizabeth Kolbert est d’une lecture exigeante à cause d’une terminologie scientifique prégnante, le travail évident de vulgarisation fonde les bases d’une approche grand public.
Le bilan est grave et quand bien même il y aurait adaptation des espèces, la nôtre y comprise (?), la diversité serait le lourd prix à payer (p 324).
Mais ce qui reste surprenant et ce qui m’a fascinée, ç’a été d’apprendre comment l’être humain moderne a remplacé le néanderthalien grâce à ce gène de la « folie » exploratrice (p 382)… Et c’est ce qui reste, en fait, notre espoir de subsister à notre autodestruction programmée.
Citations:
– p 291: « Quand on trouve quelque chose qui dépend de quelque chose d’autre, qui, à son tour, dépend de quelque chose d’autre, la série complète des interactions dépend de l’invariance des conditions. » Cohn-Haft.
– p 300 : « À une époque, a spéculé Wegener, tous les continents existant aujourd’hui devaient former un supercontinent géant. On a appelé ce supercontinent la Pangée. »
– p 363 : « De cette interaction [accouplement] découle le fait que la plupart des êtres humains actuels sont un peu néanderthaliens (à hauteur de 4% au maximum). Un t-shirt vendu sur un stand voisin de la station de morphose proclame […] “je suis fier d’être un néanderthalien”. Ce chandail m’a tellement plu que j’en ai acheté un pour mon mari. Je me suis récemment aperçue qu’il ne le porte pas souvent. »