Toni Morrison, Beloved
France Loisirs 1990, 380 p.
Un thème grave, une histoire non moins dramatique et une lecture dure.
Le flash back entremêle les souvenirs des uns et des autres, le vécu et l’imaginaire, l’oublié et le remémoré, la raison et la folie.
L’écriture sert l’idée, la phrase se soumet à l’oral, le récit à l’esprit.
S’il est parfois rien moins que facile à suivre, le cours de l’histoire emporte comme un flux qui noie, refoule et laisse sur le bord, puis reprend.
L’émotion étreint et désempare.
Citations:
– p 69 : « Dangereux, se dit Paul D, très dangereux. Pour une ancienne esclave, aimer aussi fort était risqué; surtout si c’étaient ses enfants qu’elle avait décidé d’aimer. Le mieux, il le savait, c’était d’aimer un petit peu, juste un petit peu chaque chose, pour que, le jour où on casserait les reins à cette chose ou qu’on la fourrerait dans un sac de jute lesté d’une pierre, eh bien, il vous reste peut-être un peu d’amour pour ce qui viendrait après. »