Margot Degert et Lucie Laluque, Pierre, papier, ciseaux.
LA TÊTE AILLEURS, 26 pages (non numérotées), album jeunesse.
Livre reçu dans le cadre de l’opération « Masse Critique » de Babelio dont je remercie les organisateurs et les organisatrices, ainsi que les éditions mentionnées.
Surprenant mélange de couleurs, de formes et d’objets pour ce livre pour enfants. En effet, cet album jeunesse dont une petite fille à l’imagination débordante est l’héroïne entremêle différentes techniques, niveaux de vision et plans d’interprétation.
Le personnage présent sur chaque scène (en double page) est appliqué par un procédé de collage aux contours naïfs sur des photos surexposées. Le contraste est saisissant.
La surimposition de couleurs flashy, fluo ou carrément noires des ajouts en aplat contraste avec le fond soit monochrome (blanc, gris, noir) ou en deux ou trois tons dominants (bleu, rose, jaune orangé) constitué d’images prosaïques très réelles.
Je me demande comment les enfants percevront cet assemblage éloigné de toute mièvrerie ? L’application du dessin de la fillette apaise néanmoins les décalages inattendus qui peuvent paraître un peu brusques. La petite fille revient tel un refrain, une aventurière aux mouvements expressifs et confiants.
Les quelques mots écrits ne sont pas des dialogues. Ils reflètent un monologue à la première personne, poursuivi de page en page. Ce n’est pas une BD non plus : pas de bulles, pas d’intrigue.
Chaque scène se présente comme un rêve, le rêve de lieu, d’un objet, un rêve de découverte. Si récit il y a – issu du jeu enfantin du même nom –, le motif du papier froissé occasionne un départ vers une représentation figurative de ce que peut être cette boule (ou paquet), vue sous un angle différent : un bateau plié ou une cocotte en papier bien sûr, mais aussi une poignée de porte à facettes, un rocher inégal, le paquet/papier devient fantôme sur un papier délavé par l’eau qui coule, imbibe et tache la terre et le ciel… Mais ce ne sont que des exemples.
Ces papiers froissés ne sont pas les brouillons ratés qu’un adulte jetterait. Ils incarnent tout un monde où la poésie associe les images, les idées, le son des mots et les jeux de l’enfance. C’est dynamique et finalement très intrigant.
Citation(s) :
-« Je regarde dehors
le monde est devant moi. »