Jules Verne à Amiens
août 2016
Escale à Amiens en Picardie, je m’arrête dans cette ville pour profiter de la majestueuse cathédrale, d’une balade en barque au milieu des hortillonnages, contempler le cirque (on trouve une trace de l’amour de Jules Verne pour le cirque dans deux de ses romans écrits à Amiens : Mathias Sandorf et César Cascabel) et visiter la maison de l’écrivain.Curieusement (ou pas), je retrouve la trace de George Sand qui suggéra à Jules Verne l’idée d’écrire un roman sur la thématique sous-marine, après l’Exposition Universelle de Paris en 1867. Les premiers sous-marins et les évolutions des scaphandres avaient vivement intéressé l’auteur du Nautilus que l’on retrouve dans Vingt mille lieues sous les mers (1869) puis dans L’île mystérieuse (1874). Ensuite, en 1896, dans son roman Face au drapeau apparaissent deux nouveaux sous-marins, le Tug (le remorqueur) et le Sword (l’épée). Enfin, en 1904, Jules Verne fait intervenir un bolide pouvant se mouvoir dans l’air, sur terre, sur mer et sous l’eau, dans son roman policier Maître du monde.
À Amiens donc, l’écrivain est au sommet de sa gloire et achète une maison qui comprend deux étages, de larges combles et une tour surmontée d’un belvédère. Au rez-de-chaussée se trouvent la cuisine, les dépendances et les écuries (aujourd’hui disparues). Le belvédère et la tour abritent un escalier en colimaçon et forment tous deux la charnière de cette bâtisse en L.
La comparaison avec un phare – dont la valeur hautement symbolique ne se justifie plus – ou avec la tourelle d’un manoir – lieu éminemment propice aux histoires extraordinaires – interpelle immédiatement le visiteur. Un grand jardin qui prolongeait la cour a disparu dans les années 1970, dommage !
Je m’attarde plus particulièrement dans la plus petite pièce de la maison qui fut le cabinet de travail de l’écrivain. Situé au second étage, il a une vue à 90 degrés environ sur les deux rues dont le bâtiment forme l’angle. Pour son illustre occupant, c’est une position privilégiée par l’ampleur de la vision. Il y écrit plus de trente romans. Dans le cas présent, le cabinet de travail était affiché comme une « reconstitution officiellement à l’identique. » Nulle pancarte n’interdisait de toucher et par conséquent, je me suis permise d’effleurer respectueusement le globe posé sur le bureau ainsi que le portemine et deux des porte-plumes ayant « réellement » appartenu à Jules Verne en invoquant “le fluide littéraire”.
Dans le salon, à coté, une carte du tour du monde était dessinée à même le sol. Jules Verne y avait tracé en noir le trajet d’un tour du monde aérien imaginé pour son roman Robur-le-Conquérant et les hachures représentaient les différentes modifications effectuées par l’auteur. Ce fut l’occasion de marcher littéralement sur les sources d’inspiration de Jules Verne.
Dans le grenier, les visiteurs retrouvent des affiches de cinéma, un clap de film, des théâtres de marionnettes, des maquettes, les machines volantes de l’inventeur. En lecteurs passionnés des aventures imaginées par l’auteur d’une science fiction devenue aujourd’hui technologie, ils poursuivent leurs rêves.