
Le Prix Landerneau 2023
Voir les articles dédiés à chaque livre.
“Jeudi 14 septembre, les Espaces Culturels E.Leclerc ont dévoilé les 4 finalistes du Prix Landerneau des Lecteurs 2023 présidé par Cécile Coulon. Les ouvrages nommés ont été choisis par les libraires du réseau, parmi les romans français publiés en cette rentrée littéraire.
La sélection du Prix Landerneau des Lecteurs 2023 :
La foudre de Pierric Bailly (P.O.L)
L’enragé de Sorj Chalandon (Grasset)
Humus de Gaspard Koenig (L’Observatoire)
Le grand secours de Thomas B. Reverdy (Flammarion).
Le résultat de ce vote, associé à celui de la présidente de cette édition, de Michel-Édouard Leclerc et de 12 jurés tirés au sort pour participer aux délibérations organisées à Paris, permettra de désigner le roman lauréat le 25 octobre prochain.”(ActuaLitté). Plus d’info sur le prix https://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Landerneau.
Je ne suis pas jurée (sixième fois pour le prix Landerneau) pour convaincre les lectrices et lecteurs de penser comme moi en vue d’arriver à un vote qui me convienne – et c’est pourquoi le vote doit rester secret. Chacun et chacune doit pouvoir discuter de tout et son contraire dans le but de se forger une opinion personnelle et ne pas « passer à côté » de quelque chose, quand bien même la première impression reste centrale.
Les intervenant.e.s doivent pouvoir s’engager et défendre leur opinion, ne pas camper sur leurs positions sans qu’aucune intervention ne les fasse réfléchir. Ils et elles doivent pouvoir dépasser le premier ressenti et chercher pourquoi ils ou elles ont éprouvé ceci ou cela, comme ci ou comme cela lorsqu’en même temps l’autre a eu une impression différente. Cette nouvelle approche pourrait venir enrichir la sienne. C’est la raison pour laquelle, je me fais souvent un peu l’avocat du diable en tentant de déstabiliser les juré.e.s qui me semblent un peu trop péremptoires ou fermé.e.s. Je crois que la divergence d’opinion est enrichissante dans un débat et ne pas être totalement d’accord ne doit pas signifier se taire de peur de se faire mettre à l’index.
Et rester courtois.es !
Une remarque a été faite concernant S. Chalandon, favori selon les commentaires, mais en lice par ailleurs pour d’autres prix (Goncourt et Renaudot). Pour ma part il me semble préférable, à qualité égale, de décerner un prix à celui ou celle qui en a le plus besoin. Un prix est une porte sur l’avenir. Cette question précise a déjà fait l’objet de commentaires au cours des précédentes années.
Quelques questions générales (en plus des questions sur les livres en particulier) que j’ai posées :
Question 1 : Comment les lecteurs et lectrices font pour choisir et dans quel ordre ils et elles enchaînent leurs lectures dans le cadre d’une sélection ?
Certain.e.s alternent avec d’autres livres du moment, sans mélanger les faits semble-t-il. D’autres regardent les 4èmes de couverture et commencent par l’auteur qu’elles ou ils connaissent le moins, voire pas du tout, ou au contraire par celui ou celle qu’ils ou elles connaissent le plus, en suivant un réflexe instinctif de plaisir associé au désir d’approfondissement de ses connaissances. D’autre finissent par celui dont l’auteur.trice est le.la plus connu.e et dont le roman a déjà fait la une des médias. Ce qui appelle à la prudence…ou à une dégustation finale. D’autres encore choisissent en fonction de l’aspect volumineux ou non des livres : le plus gros en premier ou le plus petit. Enfin certain.e.s procèdent au hasard, laissant la surprise au rendez-vous.
Question 2 : les inégalités, qu’en pensez-vous ?
Les juré.e.s ont directement obliqué vers la question paritaire, qui n »était pas celle posée. Sur ce point donc et en règle très générale, ils et elles sont contre ce qu’ils et elles trouvent autoritaire en arguant que seul le talent prévaut. Ce qui est tout à fait légitime, si on laisse s’exprimer tout le monde…car malgré les informations récoltées régulièrement et fournies, les injustices et les inégalités évidentes pour certain.e.s ne semblent pas l’être pour tous et toutes. Certain.e.s lecteurs et lectrices ont une confiance totale dans une totale justice œuvrant au choix établi.
La surprise à ce résultat est d’autant plus grande qu’en ce qui concerne le rôle des personnages féminins dans les romans, il est très souvent inaperçu ou passé sous silence, jamais commenté.
Question 3 : Quelle est l’image du professeur décrite dans le livre (+extrait), comparée à la vôtre?
Envers et contre tout, ironie ou autodérision, l’image du prof reste intacte : celle que l’on doit respecter.
Question 4 : les quatrièmes de couverture (paratexte ou péritexte important) guident mais orientent aussi. Entre résumé du livre (grandes lignes) ou extrait (ponctuel), lequel est le plus approprié ?
Les avis sont très partagés : un extrait est authentique (il faut qu’il soit bien choisi) alors qu’un résumé dévoile trop; on peut lire les extraits en feuilletant le livre (lorsqu’on l’a dans la main) alors que le résumé donne une idée du contenu; l’extrait donne le style mais pas le fond et au bout du compte on peut se tromper; enfin le choix des deux aperçus est plébiscité : l’extrait pour le style et le résumé pour le fond de l’histoire.
Les quatre livres sélectionnés sont donc : La foudre de Pierric Bailly ; L’enragé de Sorj Chalandon ; Humus de Gaspard Koenig et Le grand secours de Thomas B. Quatre auteurs masculins pour quatre (cinq en fait) héros et quatre formes de violence : il y a harcèlement et meurtre (La foudre), maltraitances et meurtre (L’enragé), écocide et écoterrorisme (Humus), émeute de rue et meurtre évité de justesse (Mo, dans Le grand secours)…
Du côté féminin, on aurait pu sélectionner (voir question 2) : Psychopompe, Amélie Nothomb, Éd. Albin Michel ; Dès que sa bouche fut pleine, Juliette Oury, Éd. Flammarion ; Western, Maria Pourchet, Éd. Stock ; Et vous passerez comme des vents fous, de Clara Arnaud, Actes Sud, etc., afin d’offrir un panel de thèmes très diversifié et de qualité. S’ajouteraient également quelques autrices présentes au Festival International des Écrits de Femmes (voir article ici)…
Quoi qu’il en soit, j’ai eu plaisir à lire ces quatre auteurs, à discuter avec les autres juré.e.s et à découvrir les tendances du moment. J’en remercie l’équipe du prix Landerneau.
Le lauréat est : Thomas B. Reverdy pour Le Grand Secours.
La cérémonie, la Presse, etc. : lire ici et lire ici