
Chrystelle Desbordes, La semeuse et autres contes, autour de…
2023, Les plis du ciel éditions, 126 p.
Livre reçu dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio dont je remercie les organisateurs et les organisatrices ainsi que les éditions mentionnées.
Ce livre est une surprise, une bonne surprise.
Loin d’être évident, le choix de Chrystelle Desbordes met à l’honneur des installations d’art contemporaines qui questionnent la dichotomie séculaire entre nature et culture, le beau et le laid, le sublime et le trivial.
Que l’on trouve que c’est de l’art ou pas, que l’on aime ou pas, la créatrice Marie Labat a le courage d’affronter sa condition de femme-artiste-agricultrice et de produire une œuvre originale qui rapproche tous ces pôles, si éloignés semblait-il jusqu’alors.
Le rapport à la terre a malheureusement changé avec l’agriculture intensive et « l’ancien modèle agricole durable nous apparaît être un « outil perdu ». » (120). C’est pourquoi l’effort vers lequel tend l’artiste agroféministe est celui de la renaissance d’un lien oublié.
Saisir la réalité à travers l’art (peinture, écriture, installation artistique…) pour dévoiler la magie qui réside en elle est appelé réalisme ou naturalisme magique. On connaît en littérature des écrivains tels que Garcia Marquez et des peintres comme Frida Kahlo (par exemple et pour ne mentionner que le continent sud-américain où le mouvement a été très prononcé). Ici, le fantasme et l’étrangeté sont aussi présents que la recherche de reconnaissance et de prise de conscience. Sans provocation ni revendication agressives, les sujets de la vie réelle sont mis en parallèle, à proximité ou en contexte pour dévoiler disparités ou résonnances.
Cette « philosophie du vivant » est ainsi illustrée par huit œuvres de Marie Labat. L’artiste met notamment l’accent sur le travail des femmes d’autrefois et d’aujourd’hui et les textes de Chrystelle Desbordes qui entourent leur présentation ne manquent pas d’utiliser l’écriture inclusive pour mieux marquer cette présence trop souvent invisibilisée.
On peut alors parler d’écosophie, terme qui montre plus que celui d’écologie, « la sagesse de la nature ». Les œuvres de Marie Labat restent parfois énigmatiques et leurs interprétations subjectives, mais elles existent et nous parlent.
Citations (texte cité textuellement) :
– p 95 : « « L’art, comme la magie, consiste à manipuler les symboles, les mots ou les images pour produire des changements dans la conscience. ». »
– p 105 : « Qu’il s’agisse de cultiver la terre ou de faire de l’art, c’est toujours pour moi une affaire de petites graines que l’on sème. »