
Caroline Erickson, L’île des absents
Pocket 2019, 247 p.
La 4e de couverture axe le thriller sur une disparition inquiétante et le début de l’intrigue débute en effet avec cet événement.
Toutefois, ce n’est qu’un motif, tout comme l’île maudite est un décor, afin de créer une atmosphère propice au développement des thèmes qui eux, sont le sujet du livre, à savoir : l’infidélité, la perversion sexuelle, les violences conjugales, les maltraitances et manipulations mentales, les traumatismes infantiles, les non-dits…
Les mystères et les secrets se superposent de la même manière que les personnages s’entrecroisent (les mères, les femmes, les filles, les maris). Ils perturbent l’enfant dans la construction de sa personnalité et l’adulte dans sa vie, ainsi que les lecteurs dans la compréhension des responsabilités (accentué par la typographie (italique/droit ou romain)), tant et si bien qu’on se demande si Greta est dérangée, mythomane ou schizophrène.
La narration enchâsse réalité, fantasmes, rêves/cauchemars, désirs et rejets assurant à ce thriller psychologique un suspense haletant. La lectrice ou le lecteur oscillent entre jugements définitifs et temporaires, remises en cause et finalement, questionnements moraux sur les agissements des uns et des autres.
On peut regretter un dénouement moins fantastique que tristement trivial.
Citations :
– p 87 : « Je suis surprise par la facilité avec laquelle vérité et mensonge se confondent. »
– p 92 : « Si vous partez maintenant, vous n’aurez rien appris sur vous-même et vous serez toujours aussi désarmée quand vous devrez affronter le passé et l’avenir. La prochaine fois que vous serez confrontée à un événement bouleversant, le même schéma se répétera. »
– p 95 : « Je me rends compte, maintenant, à quel point j’ai désiré un contact ces dernières vingt-quatre heures. Ma vie entière. »
– p 191 : « La haine m’avait envahie à ce souvenir, bouillonnant sous ma peau. Je ne savais pas contre quoi, contre qui diriger toute cette noirceur. »