
Cédric Charles Antoine, L’enfant des arbres
2019, Collection Lordkarsen, lu en numérique, 185 p.
La présentation sous forme de manuscrit soumis à une organisatrice d’événements théâtraux pour une adaptation éventuelle présente le récit enchâssé d’un témoignage. Le dénouement de l’histoire du manuscrit semble incomplet “au sens éditorial”(p 142), ce qui va faire prendre une tournure inattendue au roman lui-même. Toute la mise en scène (le rendez-vous, le parcours mémoriel, la révélation) fusionne le passé au présent, les deux réalités dans la fiction. Là sont les points forts du roman.
Cependant, le drame tarde à se mettre en place : à plus de la moitié du livre, la petite Clara est à peine esquissée. Le récit est très autocentré : le « je » narratif montre des instincts virils, patriarcaux et dirigistes. Il a tendance à tout ramener à sa personne et à son crédit.
Le suspense est mené comme pour un thriller. Toutefois, le ton semble décalé pour la situation et ce, à plusieurs niveaux :
– le gardien (Léon) se livre à un espionnage qui le mène à une violence physique et mentale sur l’un de ses « maîtres » (p 115 et 125).
– certains passages érotiques tendent au voyeurisme, frôlant pire.
– le style superlatif accumule les adjectifs (fascinant, envoutant, délirant, subjugué…). Le vocabulaire parfois vulgaire, voire très grossier pour certains dialogues, peut être anachronique (certains tics de langage), ou cliché (spectateurs lessivés (p142), bingo ! (p142), passer un savon (p144), piquer un sprint (plusieurs fois répété)), la sinistrose, etc.
Ce drame exploite la maltraitance sur enfant et la cupidité des classes sociales dites « supérieures ». Il ne peut que toucher l’héroïsme de Léon. En revanche, le personnage féminin autour duquel l’histoire tourne surréagit et n’offre pas le « happy end » auquel on commençait à s’attendre. Le dénouement, surprenant au début, laisse dubitatif à la fin.
Citation :
“Lire un livre dans une demeure qui matérialisait les endroits contés dans le récit pouvait vous conduire vers une forme de distorsion mentale” ( p 141).
Un article à lire ici.