« Des espaces autres », Dits et écrits, Michel…
Conférence au cercle d’études architecturales, 14 mars 1967, in Architecture, Mouvement, Continuité, n°5, octobre 1984, pp.46-49, Dits et écrits 1984 Tome IV texte 360, Gallimard,1984, Texte en ligne : http://foucault.info/documents/heteroTopia/
foucault.heteroTopia.fr.html
Après un bref retour sur le passé et notamment sur le XIXe sc, le philosophe déclare au XXe sc, que « nous sommes à l’époque du simultané, […] de la juxtaposition, […] du proche et du lointain… ». Au XXIe sc, ceci est encore tout à fait d’actualité.
Sachant que le structuralisme, « c’est l’effort pour établir, entre les éléments qui peuvent avoir été répartis à travers le temps, un ensemble de relations […] impliqués l’un par l’autre », il conclut tout d’abord que « les relations de voisinage entre points ou éléments ; formellement, on peut les décrire comme des séries, des arbres, des treillis ».
Utilisant donc à escient la métaphore du treillis de branches ou celle des arbres (dont on fait les arbres généalogiques ou les arborescences en informatique), Michel Foucault poursuit en affirmant que « l’espace se donne à nous sous la forme d’emplacements » qui ne sont pas tous « désacralisés ».
Du fait que « nous vivons à l’intérieur d’un ensemble de relations qui définissent des emplacements irréductibles les uns aux autres » et que « parmi tous ces emplacements », il en existe certains « qui ont la curieuse propriété d’être en rapport avec tous les autres emplacements”, il démontre qu’il existe deux grands types d’utopie.
Premièrement, les utopies sont des “emplacements sans lieu réel”, “fondamentalement irréels”. Deuxièmement, ce sont des “contre-emplacements, sortes d’utopies effectivement réalisées”, qu’il appelle des hétérotopies.
Il les répartit en six principes selon l'”hétérotopologie” suivante :
1- La « crise » temporaire : l’adolescence, ou la déviation ponctuelle : la prison,
2- L’évolution dans le temps : le cimetière devient “l’autre ville”,
3- Le pouvoir de « juxtaposer en un seul lieu réel plusieurs espaces […] incompatibles ” : le zoo, par exemple, regroupe des espèces vivant dans les cinq continents,
4- La vocation « atemporelle » : la bibliothèque ou le musée pérennisent des œuvres d’époques différentes; les fêtes, elles, sont passagères,
5- L’accessibilité : soit il existe un “système d’ouverture et de fermeture », soit il convient d’être initié ou admis (hammam, chambre d’enfant),
6- La compensation, qui efface, neutralise ou purifie : les missions religieuses, les maisons closes, la cabane dans les arbres.
La démonstration de Foucault se termine sur l’hétérotopie du bateau : ” un morceau flottant d’espace, un lieu sans lieu, qui vit par lui-même, qui est fermé sur soi et qui est livré en même temps à l’infini de la mer[…]”. Selon le philosophe, cette “hétérotopie par excellence” nourrit les rêves, stimule le goût de l’aventure et développe l’ambition.
J’en suis fondamentalement d’accord.
Mais je me suis plus particulièrement penchée sur “l’exemple le plus ancien” : l’hétérotopie du jardin. En effet, je suis en train d’écrire un essai sur “le végétal dans la littérature” où je développe ce principe. Je vous propose donc de participer à ma réflexion en lisant (et en commentant, si vous le voulez) la page dédiée, avant la version finale. (Voir Écrit en cours (Mes projets), Essai sur : “Le végétal en littérature” ici).
Lire plus:
– « L’époque actuelle serait peut-être plutôt l’époque de l’espace »; lire ici
– Les hétérotopies, enjeux et rôles des espaces autres pour l’éducation et la formation. Lieux collectifs et espaces personnels, par Emmanuel Nal. ici