
Collectif, les huit péchés capitaux
Présentation de Jérôme Garcin, le regard littéraire, 1991, 86 pages.
Il existe sept péchés capitaux dans la chrétienté. Des vices qui sont à la tête des autres, censés engendrer les pires actes. Pour rappel, il s’agit de :
L’orgueil : attribution à ses propres mérites de qualités ou de comportements.
L’avarice : cupidité, accumulation des richesses recherchées pour elles-mêmes.
La luxure : plaisir sexuel recherché pour lui-même.
L’envie : tristesse face à la possession par autrui d’un bien ; volonté de se l’approprier à tout prix (ne pas confondre avec la jalousie).
La gourmandise : gloutonnerie, démesure et aveuglement.
La colère : excès en paroles (insultes) ou en actes (violence).
La paresse : paresse morale, ennui.
Jean d’Ormesson en a ajouté un huitième : le mensonge.
Nous ne sommes pas au catéchisme et la parole a été donnée à des écrivains. Loin des définitions tombées en désuétude, ils réhabilitent chacun à leur manière des péchés qui n’ont pas que des défauts dans leur acception moderne et laïque.
La nouvelle que j’ai préférée ? J’hésite. Chacune a son charme, son brio ou sa pétulance. Il ne faudrait pas associer le défaut à l’écrivain comme le suggère Bernard Frank citant Sartre : « on ne plaisante jamais ». J’ajouterai que le choix d’un péché révèlerait aussi bien celui du lecteur ou de la lectrice qui le préfère. Restons donc dans la littérature et sachons apprécier le talent déployé à relever ce qui fait des pécheurs des humains.
Peut-être, aurons-nous un jour un « exercice de style » selon l’expression de Jérôme Garçin (p11), qui se penchera sur les sept vertus (quatre catholiques et trois théologales) que complètent les quatre cardinales ?
Citations :
P 11 : « Quel dommage que ce ne soit pas un péché ! » Stendhal, Chroniques italiennes, Les Censi cité par Jérôme Garçin dans sa présentation.
P15 : « L’enfant de l’homme est si vulnérable qu’il lui faut beaucoup d’orgueil pour résister à tout ce qui l’agresse ».
P17 : « Ne faut-il pas être démesurément orgueilleux pour oser écrire un mot, une phrase, un livre ? ».
P23 : « Ce mot ! D’abord il laisse entendre lux, lumière. Mais l’origine en est luxus, excès, débauche, splendeur, faste, luxe. Luxuria : exubérance et surabondance (en parlant de plantes) ; fougue (s’il s’agit d’animaux) ; et, en général, somptuosité, profusion. Étrangement, la signification humaine devient « vie molle et voluptueuse ». Pourquoi faudrait-il que l’énergie végétale ou animale se transforme, dans notre espèce, en fade relâchement ? ».
P 31 : » La paresse n’a qu’un défaut : elle a mauvaise réputation. »
P34 : « La paresse n’est rien d’autre qu’une façon particulière de découper le temps et de suspendre la frénésie routinière du labeur. Je m’arrête, donc je travaille. »
P 39 : « Que la gourmandise soit un péché capital me fait douter du bien-fondé de tous les autres. »
P 51 : « Son cœur [à la déesse, à Frida Kahlo] palpite, brûle et se consume d’amour dans la solitude des musées pareils aux tombeaux, où ne coule que l’amère portion que lui versent les hommes. »
p 58 : “La générosité a ses limites. C’est ce qu’il y a de bien dans l’avarice, elle n’en a pas”.
p 63 : « Donc éloge de la colère, vertu d’indignation, réaction du juste, acte purificateur. Et le seul des péchés capitaux qui s’honore d’une épithète agrandissante : une sainte colère. »
p 73 : « L’imagination est un mensonge. Mais c’est un mensonge créateur. Tout le monde sait qu’Aragon a donné à jamais la meilleure définition du travail romanesque : « le mentir vrai ». ».