
Boris Vian à Paris, la cité Véron
Son appartement parisien dans le 18ème arrondissement se situe au fond de l’impasse de la cité Véron, au 6 bis. Il est rempli de ses objets familiers et de sa forte personnalité.

L’écrivain était ingénieur de l’École centrale. Il avait l’habitude de fabriquer les inventions sérieuses ou amusantes, issues de son imagination. Dans son appartement, blotti derrière le Moulin Rouge, on peut voir les traces de ses aménagements intérieurs et un petit atelier rempli d’outils. On retrouve dans son roman le plus célèbre notamment, la patte de l’inventeur et du bricoleur.
C’est un touche à tout : scénariste, traducteur (anglo-américain), conférencier, acteur et peintre. Il était aussi poète, parolier, chanteur, critique et musicien de jazz, en même temps qu’écrivain de romans, de nouvelles et de pièces de théâtre. Cet homme insatiable ne cessa d’explorer les domaines artistiques, littéraires et musicaux par goût (et par besoin d’argent aussi). S’il vécut une jeunesse dorée grâce à la fortune de ses parents, le krach de 1929 réduisit la famille à la ruine et anéantit une vie sans soucis. Le père dût trouver un emploi. En revanche, la famille ne perdit jamais son état d’esprit libertaire mais apprit à compter. La thématique de l’argent, de la faillite, et de la surprotection familiale imprègnent aussi ses romans.

Vian fréquente des intellectuels, des journalistes, et de nombreux artistes tels que Mouloudji, Salvador, Gréco. Il en eut quelques uns pour voisins : Jean Rostand (fils d’Édmond), Yehudi Menuhin (violoniste et chef d’orchestre américain), Merleau-Ponty, Prévert. Les multiples références au blues, au jazz américain dans nombreuses de ses œuvres viennent de ce que l’écrivain organisait des surprises-parties et jouait dans des orchestres, en tant que trompettiste autodidacte très doué.

En haut de l’escalier de l’immeuble, le visiteur arrive devant la porte verte. L’appartement donne sur les toits, un grand espace, derrière le cabaret, avec une vue sur les ailes du moulin. Le logement est petit et on ne visite que quelques pièces. Les autres sont habités par la représentante de la cohérie Boris Vian et par son fils.
Dans le salon, les objets rappellent ses passions: les vinyles, les platines et les transistors, les photos et les affiches, les livres…

La visite de l’appartement se termine par la présentation d’anecdotes et d’histoires vécues, racontées de manière conviviale, dans le salon où les visiteurs s’assoient un moment comme s’ils étaient invités par l’hôte des lieux. J’ai apprécié l’implication de Nicole Bertolt et son talent à faire partager ce qui lui tient à cœur. Car aujourd’hui encore, il reste des personnes qui ont connu Boris ou/et Ursula et qui gèrent son héritage littéraire, en nous offrant la possibilité de l’approcher dans son intimité.

Retrouvez un poème de B. Vian dit par B. Lavillier: Je voudrais pas crever ici
pour le centenaire de sa naissance : ici
pour la visite de l’appartement ici
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Le site de Boris Vian : ici
L’écriture de Vian est poétique, créative et rebelle. Anticonformisme des procédés littéraires d’une part, principes contestataires, d’autre part. Réfractaire aux engagements politiques, l’écrivain défendait un individualisme empreint d’humanité. Il croyait au progrès et à la sagesse des peuples, à mêmes de refuser les diktats de la pensée. Au final, il revendiquait une liberté qui rejetait une réalité trop étroite. Sa révolte ne rencontrera pas un très large écho de son vivant et il eut peu d’appuis, excepté Raymond Queneau qui lui apporta un soutien indéniable.
L’homme mêla sa vie à son œuvre et ses écrits empruntent à ses bonheurs mais aussi à son anxiété : à douze ans, il contracte une angine infectieuse et à quinze ans une fièvre typhoïde. De santé fragile, surprotégé par sa mère, il se surmène pourtant, en homme pressé par le temps dont il a peur de manquer. Il meurt d’un œdème au poumon, souffrant d’une malformation cardiaque. Il a 39 ans.
Bibliographie: