
Balzac à Saché
Lors d’un séjour à Tours, je poussai jusqu’à un petit village aujourd’hui notoirement connu, dans le département de l’Indre, pas très éloigné de Nohant (dont Balzac connaissait la châtelaine).
Honoré de Balzac rendit régulièrement visite, de 1825 à 1848, à Jean Margonne, propriétaire du château de Saché. Ce dernier mit à la disposition de l’écrivain une petite chambre où il put s’isoler dans le silence et l’austérité. Il s’en inspira pour créer l’un de ses héros, Félix de Vandenesse qui lui aussi, dans le roman, fut recueilli par les propriétaires de ce même château où il s’installa pareillement, dans une petite chambre propice à la méditation.
Balzac situa en effet, Le Lys dans la vallée dans le cadre de cette vallée idyllique et surnomma le château de Saché le « château du Lys. » La géographie et l’architecture des châteaux de Frapesle et Clochegourde ont eu pour modèles trois châteaux réels, tels qu’ils existaient en 1830 : le château de Valesne, de La Chevrière et le manoir de Vonnes. L’évocation du château de Saché, de sa chambre et du paysage se retrouve dans plusieurs passages du roman :
« Puis je vis dans un fond les masses romantiques du château de Saché mélancolique séjour plein d’harmonies, trop graves pour les gens superficiels, chères aux poètes dont l’âme est endolorie. »
(Le Lys dans la vallée, Honoré de Balzac).
Je me suis imprégnée de l’atmosphère de cette bâtisse effectivement austère que Balzac avait aussi qualifiée de « vieux reste de château » (Une scène de village, inédit).Je suis restée un moment dans cette chambre minuscule avec le lit en alcôve, j’ai touché le bureau, le fauteuil, l’écritoire et la lampe et j’ai apprécié l’efficacité et la rigueur du travailleur acharné qu’était Balzac (douze heures d’écriture par jour), placé dans une situation qui invitait plus au sérieux qu’à la dissipation.
Mais la solitude aurait pu amener l’ennui ou la paresse si l’écrivain n’avait pas été « habité » par ses personnages.
