Ma façon à moi de “créer pour résister” (cf. Stéphane Hessel, Indignez-vous,voir article dédié), c’est de déclencher (si possible) un débat d’idées.
Etre un deuxième auteur (lorsque je ne suis pas l’autrice de mes romans, nouvelles, etc.), je le suis lorsque je fais la critique d’un livre (cf. David Vasse, Critique et Université), ici ou sur les sites en ligne.
Comparer, analyser de manière heuristique, c’est penser et donner à penser.
C’est ma façon à moi de faire barrage à la monotonie, à la morosité et à la propension au mépris, voire à la haine, c’est appeler non pas au n’importe quoi de l’interconnectivité dominatrice mais à une communauté d’intelligences ayant foi en l’avenir.
La littérature n’est pas une fin en soi, mais un outil, un outil social, un outil de progrès social. Hormis l’aspect récréatif, dit de loisir, la lecture, et donc l’objectif de l’écriture, est noble. Seule la pratique est plus ou moins noble.
C’est pourquoi mon engagement, aujourd’hui comme hier, passe par les livres : les commenter, les lire, les écrire aussi. Je fais partie de certains jurys (voir les articles dédiés) dans ce but également. Je ne cautionne aucun livre primé, aucun auteur ou autrice réputé.e automatiquement sous prétexte de me joindre à une assemblée consacrée, bien pensante ou décisionnelle. Je reste entièrement libre de toute influence.
Mes lectures et mes rencontres ont entrelacé les influences et les inspirations qui font ce que mon écriture est ce qu’elle est à présent.
Je me suis intéressée à la technique de l’écriture et j’en ai fait le sujet de ma maîtrise universitaire (Lettres Modernes). J’ai commencé à suivre des séminaires sur les marges du texte (le paratexte et l’intertextualité). De la marge, j’ai poussé vers les écritures marginales et la littérature francophone. J’ai étudié des écrits du Québec, des Antilles, d’Afrique, du Sud-est asiatique, etc., et j’en ai fait mon sujet de “DEA”, le départ d’une thèse aux États-Unis. Je me suis alors attachée aux problèmes que posent l’oralité ou le métissage par exemple, comme décentrage par rapport à la norme, à la langue de la métropole. D’où je suis revenue à la technicité du langage avec les questions de la perfection de la langue (et de la glottophobie : néologisme pour indiquer la discrimination, le traitement injuste d’une personne fondée uniquement sur les façons de parler une langue).
Ce sont des thèmes que j’ai ensuite étudiés pendant mes études doctorales. J’ai travaillé sous l’égide d’Édouard Glissant que j’ai rencontré lors d’une série de séminaires au Minnesota et dont j’ai suivi les cours en Louisiane.
On ne retrouve pas forcément ces thèmes ou ce style dans ce que j’écris (hormis Anne Radieuse en son jardin (voir sous rubrique “Quelques écrits“)). Ceci étant, je reste attachée à cette problématique…
Et vous? Pensez-vous que la langue française peut s’enrichir au contact des autres populations qui la parlent? êtes-vous puriste ou progressiste?
En ce qui me concerne, le rapport entre la lecture et l’écriture est dense: j’aime être l’Autre lorsque je suis lectrice, et penser que l’Autre pourrait être moi, lorsque je suis une autrice ; c’est-à-dire que si je peux m’identifier (si je le désire) au personnage du livre que je lis, j’espère que le lecteur peut aussi s’identifier à mon personnage, lorsque je lui raconte une histoire. J’écris pour inciter à aimer (un peu plus) la lecture. J’écris parce que je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir mon carnet de notes ou mon ordinateur pour y noter ce qui, si je ne le fais pas, m’empêche d’être sereine, car j’y pense continuellement. Si je l’écris, je peux faire de nouvelles rencontres et y revenir après. Entre-temps, ce que j’ai écrit a déjà « vécu » et je retrouve mes personnages comme des compagnons patients, indulgents et prêts à vivre avec moi les aventures que je leur destine, ou qu’ils me réservent, car c’est là mon plaisir d’écrire.
Mon matériau est l’humain, son vécu et son imaginaire. Je le sonde, l’interprète et le transforme avec plaisir et beaucoup de travail aussi.
Je raconte des parcours de vie. C’est-à-dire que je mets en scène des personnages qui essayent de donner un sens à leur vie en explorant leur personnalité et leurs motivations. Je décris comment ils traversent les aléas de la vie en se confrontant au hasard et au temps, comment ils font des choix en fonction de leurs priorités, comment ils réussissent, ratent, tâtonnent et recommencent.
Les domaines que j’explore sont nombreux : vie contemporaine, voyages, science-fiction, fantastique, historique, psychologique, polar, etc. Et je n’ai pas fini ! Je ne me m’interdis aucun genre…
Un de mes thèmes favoris est celui du parcours initiatique. La formation, l’éducation, la transmission, le manque de repères ou la recherche d’une filiation constituant un cheminement dans l’expérience personnelle (autant que professionnelle) de mes personnages. Ce sont des thèmes que l’on retrouve donc dans mes écrits. Un autre thème est celui du lien entre l’activité du peintre et celle de l’écrivain, entre l’art et l’écriture. C’est l’objet de mon essai sur Colette, par exemple.
Malgré mes études littéraires, mes lectures ne furent pas guidées et mes pérégrinations ont laissé des traces de toutes sortes. J’ai toujours l’impression de ne pas lire assez, pas les bons livres et pas assez bien.
Je retravaille mes textes sans garantie que ce que j’ajoute, retranche ou modifie soit mélioratif. Comment savoir si on bonifie son texte ou si on ne le détruit pas ?
Je participe à des concours d’écriture si le thème me convient et en fonction de mon temps et de mes disponibilités. Ce sont de bons entraînements qui peuvent aider à nous faire connaître. Pourtant les Appels à Textes n’ont parfois qu’un résultat mitigé sur le marché (peu de visibilité voire aucune, selon les problèmes des éditeurs). L’insertion dans un recueil collectif qu’il ne contrôle pas donne à l’auteur.trice une crédibilité aléatoire selon les choix de l’éditeur. Le rapport entre l’investissement de l’auteur.trice (non rémunéré.e) (lire mon article sur l’écriture inclusive) et la promotion qu’il ou elle peut en tirer reste incertain.
Mes domaines d’écriture :
– Articles critiques
– Nouvelles, Histoires (très) courtes
– Poèmes, Tankas
– Essais sur un.e auteur.trice ou un thème
– Romans
– Commentaires (écrits divers, informatifs, analyses, etc.).
Voir page suivante (aller directement à “Quelques écrits” en cliquant ici), les éditions qui ont publié mes textes.
« Je suis gênée de l’avouer, mais je veux être écrivaine comme Virginia Woolf. Je veux savoir à quoi ressemble cette extase… Être dépassée par les mots ! Les sentir courir dans vos veines comme du vif-argent, plus vite que votre sang !”
Michael Christie, Lorsque le dernier arbre, Albin Michel, 2021, p 628.
