
Maryse Condé, La vie scélérate****
Le grand livre du mois, Seghers 1987, 334 p.

La vie scélérate est une saga en quatre parties se déroulant au XXe siècle. Foisonnante de personnages, de lieux, d’idées, elle nous livre les pérégrinations, les émois, les disputes, les secrets, les malheurs de la famille Louis à travers les yeux de la plus jeune, adolescente de quatorze ans qui tente de tracer la généalogie du clan pour comprendre les non-dits et les erreurs, les ambitions et les désillusions, les errances, les personnalités avec leur courage et leur faiblesse.
Si la vie est scélérate, c’est parce qu’elle est compliquée et injuste.
Maryse Condé traite des thèmes qui lui sont chers : les rapports noirs/blancs, l’identité raciale, tout ce qui incarne les racines et l’appartenance, comme la famille et ses liens. Elle défend ses causes qui passent par un militantisme selon Marcus Garvey (1887-1940, militant noir du XXe siècle) qui prône la fierté d’être noir : « I shall teach the Black Man to see beauty in himself » (p 54).
La langue (phrases et expressions créoles traduites en notes de bas de page) crue et imagée, la présence des morts (les « femmes invisibles »), le destin omniprésent dans le récit témoignent d’une tradition antillaise appartenant au réalisme magique caribéen.
Décédée le mardi 2 avril 2024, à l’âge de 90 ans, Maryse Condé est reconnue comme une voix essentielle de la Guadeloupe. Sa maison natale est identifiée par une plaque et l’aéroport porte son nom.
(voir sur ce site des photos dans la rubrique « Balades et maisons » puis « Maisons, jardins littéraires », et d’autres liens vidéos)
Citations :
– p 259 : « C’est drôle, ce blanc ! Il a l’air de tenir à elle comme à la prunelle de ses yeux ! C’est bizarre ! Un blanc peut donc aimer une négresse avec son cœur ? »
(Voir aussi mon article sur Simone Schwarz-Bart).