
Carmen Posadas, Petites Infamies
2001, points, titre original : Pequenas Infamias, 303 p.
Roman/polar dans la cuisine. Les douceurs sont en fait des petites infamies, comprendre : celles que constituent les secrets de pâtisserie inavouables pour un chef qui désire conserver sa renommée culinaire ET celles que le quidam pratique dans la vie courante : erreur, trahison, malversation, égarement…
Mais si l’on pardonne une « petite » infamie – comme Néstor – on doit s’attendre à ce qu’il en découle une plus grande afin de la masquer : c’est ce qui arrive à Néstor qui ne l’a pas vu venir.
Caustique et très bien écrit, quoique un peu long et répétitif par moments, la satire de la société (madrilène) et du monde de l’art s’en mêle avec drôlerie ; celui des traumatismes intimes, avec tristesse ; et celui du hasard, maître du destin, avec constance.
Chacun a un motif pour voir disparaître celui qui connaît sa petite infamie. Un huis clos à la Agatha Christie s’installe avec quatre « petits nègres » (pardon si je respecte le titre initial) : les quatre T qui s’alignent, comme l’a prédit la voyante qui a donc vu juste.
Le roman débute in ultima res, mais le dénouement et sa cause sont maintenus en suspens jusqu’à la fin, qui surprend. Gare au cafard !
Et la « petite infamie » de l’écrivaine, c’est de nous avoir mis l’eau à la bouche en ne nous livrant que peu de recettes avec la touche secrète de leur réussite…
Citations :
– p 177 : « les hasards, si terribles soient-ils ne peuvent se rencontrer, à moins qu’un témoin extérieur soit là pour les rendre manifestes. »
– p 177 : « La majorité des farces du destin qui se produisent dans ce monde, pense-t-il, passent inaperçues. »