
Woody Allen, L’erreur est humaine
2008, J’ai lu, 224 p. Nicolas Richard (Traducteur)
Je n’étais pas spécialement fan de Woody Allen en tant que réalisateur et acteur jusqu’à maintenant et je n’avais rien lu de sa prose.
Le recueil de nouvelles L’erreur est humaine m’a amusée, au-delà du titre.
Il y a bien sûr, le côté comique et burlesque d’un côté et de l’autre, les réflexions et critiques. Le style caustique, sarcastique d’abord et l’imagination décalée enfin.
Très américain, très new-yorkais et surtout très « Manhattan », l’humour et l’autodérision sont de mise tout du long, la clairvoyance toujours aux aguets.
Woody Allen croque ses compatriotes avec finesse sans devenir grossier.
Tout y passe : le snobisme des riches ; le cinéma et la folie des grandeurs – et du gain ; la mode et le modernisme, l’amour et les femmes, la psychanalyse, le mysticisme…l’absurdité de la vie.
Il égratigne l’orgueil et la gloire ; le vrai et le faux ; les valeurs morales décadentes, etc.
Il y a du gag vaudevillesque à la Buster Keaton, de l’« anticipation » selon George Orwell (1984 et Animal Farm par exemple) et du Raymond Devos pour l’équilibrisme linguistique !
Le rythme va bon train, les dialogues fusent et les réparties sont plus mordantes que jamais. Les images étonnantes d’érudition et de justesse. Quand bien même il est mieux de connaître un tant soit peu la culture américaine pour saisir la saveur des références, l’esprit demeure.
Et le traducteur a fait un travail remarquable au niveau de la fluidité de sa retranscription idiomatique et culturelle en français.
À piocher au gré de ses humeurs ou envies.
Citations:
– p 51 : « Suggérer que votre équipe de bras cassés se situe au-delà de l’orang-outan sur l’échelle de l’évolution relève de l’hyperbole la plus azimutée. »
– 93 : « Deux êtres à la dérive, partis en goguette pour voir le monde…Two drifters off to see the world… ».
– p 161 : « Si la vie n’a pas de sens, que faire de la soupe aux pâtes alphabet ? »