
J.M.G. Le Clézio, L’africain
Mercure de France 2004, 104 p;
Le rapport au père (plus souvent qu’à la mère, semble-t-il, pour diverses raisons) est difficile. Soit dans l’absence, soit par la présence.
Le Clézio fait connaissance avec son père à huit ans.
Des années plus tard, il tente de le comprendre en parcourant son passé à travers ce qu’il en a connu, ou ce que sa mère lui en a dit, ou encore grâce à l’imagination qu’il a projetée sur cette figure paternelle ambiguë. Le fils remet alors le père idéalisé, nié, aimé, détesté à une plus juste place d’humain assujetti aux circonstances de la vie et de l’histoire.
Pour sa part, l’enfant se construit dans une liberté sensorielle exceptionnelle au cœur d’une Afrique en proie pourtant à une violence intrinsèque ou qu’on lui inflige.
L’adulte conservera la magie du bonheur passé (mais sans nostalgie) « dans une nature où tout est à l’excès, le soleil, les orages, la pluie, la végétation, les insectes, un pays à la fois de liberté et de contrainte » et dont il nous fait profiter.
Citations :
– p 77 : « un trésor d’humanité, quelque choses de puissant et généreux, tel un sang pulsé dans de jeunes artères. »
– p 92 : « à Ogoja, dans une nature où tout est à l’excès, le soleil, les orages, la pluie, la végétation, les insectes, un pays à la fois de liberté et de contrainte. Où les hommes et les femmes étaient totalement différents, non pas à cause de la couleur de leur peau et de leurs cheveux, mais par leur manière de parler, de marcher, de rire, de manger. »
– p 103 : « Je ne parle pas de nostalgie. Cette peine dérélictueuse ne m’a jamais causé aucun plaisir. Je parle de substance, de sensations, de la part la plus logique de ma vie. »