
Alain Suberchicot, LITTÉRATURE ET ENVIRONNEMENT. Pour une écocritique comparée.
2012, Unichamps-Essentiel, Honoré Champion, 274 p.
S’il convient de comprendre l’objet de cet essai d’après son titre bien évidemment, il faut néanmoins entendre le mot « environnement » dans le sens large de « ce qui environne l’humain », soit : l’animal, le végétal, le minéral (en moindre quantité, si l’on excepte « l’aspect minéral » des villes (béton, verre, acier…)). Car l’auteur se positionne très largement dans une opposition entre le monde urbain et le domaine rural, dans une modernité (ou post-modernité) qui les opposent également et de plus en plus.
Le discours d’argumentation d’Alain Suberchicot est composé de périodes complexes dans une langue contournée et érudite qui impacte sensiblement la lisibilité, mais démontre une vaste culture et une analyse pointue.
En tant que professeur d’études américaines, l’auteur fonde son analyse sur de nombreux textes de provenance outre-Atlantique (berceau de la littérature d’environnement / environnementale / à motif écologique par ailleurs) auxquels des auteurs français et chinois sont mis en vis-à-vis.
C’est un texte que se conçoit effectivement comme une écocritique comparée. D’où le sous-titre.
Le schème principal se situe plus précisément dans une écocritique politique (ou éco-politique), voire sociopolitique. Pour cela, LITTÉRATURE ET ENVIRONNEMENT soulève de multiples points de réflexion.
Citations:
– p 10 : « L’idée relativement nouvelle en Europe, alors, était qu’entre les humains, et leur demeure, il existait une parenté, ou encore un rapport, et comme tout rapport, il pouvait être aisé ou difficile, il pouvait faire naître une collaboration, ou bien une concurrence. »
– p 34 : « L’imagination environnementale est glocale, dans le sens où l’ici est comme traversé d’un ailleurs général qu’on ne devinait pas en lui. »
– p 35 : « Est réputé NIMBY, acronyme signifiant not in my back-yard, pas dans mon arrière-cour, toute lutte écologique qui propose, au lieu de résoudre de façon générale une question, de la résoudre localement, et surtout de faire en sorte que la difficulté environnementale présente soit renvoyée dans l’arrière-cour du voisin, afin de la transposer ailleurs et de couler des jours heureux. »
– p 193 : « There never was an is without a where » Lawrence Buell, The Environmental Imagination Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture, p 55 et supra.
Ce Livre a été ajouté à ma liste « Œuvres de non fiction d’ordre végétal ». Il fait partie de ma réflexion sur le végétal.