
Peter Tremayne, Le suaire de l’archevêque
2004, 10-18, Soeur Fidelma, tome 2 : 352 p,
En entamant ce second volet de la saga de Fidelma de Kildare, Le suaire de l’archevêque, j’ai voulu infirmer ou confirmer une première impression à la fin de ma lecture de Absolution par le meurtre.
J’y ai trouvé moins de noms celtiques et plus de mots latins ; moins de descriptions et plus d’actions. En revanche, j’ai remarqué quelques éléments récurrents. Les motivations sont multiples mais restent d’un type classique à l’instar de l’enquête, enchevêtrée comme la première, mais menée par une héroïne qui s’impose un peu plus auprès de son coéquipier Eadulf. À cet égard, l’attirance que le duo a commencé d’éprouver évolue sans être définitive.
Le récit continue à mettre en parallèle les différences entre les règles religieuses des Églises romaine et irlandaise, introduisant l’arrivée de l’Islam. L’esprit critique de la jeune avocate ne manque pas de relever la discordance entre ce qui est prôné et ce qui est suivi, notamment : le célibat des ecclésiastiques versus le péché de chair, voire la luxure et le vœu de pauvreté confronté à la magnificence de Rome, la cupidité, l’ambition, la complaisance, etc.
Tandis que Peter Tremayne ne cesse de nous rappeler la singularité de Fidelma (être intelligente) et le fait qu’elle soit pratiquement unique (dans ses fonctions) – à part en Irlande, en 664 – l’héroïne est toujours aussi mordante et pleine de confiance. Ce comportement parait parfois quelque peu moderne et féministe puisque, comme nous le rappelle également souvent l’auteur, les lois romaines ne procurent pas a contrario une telle liberté aux femmes de ce pays.
Quoi qu’il en soit, ce polar historique au style simple nous fait entrer facilement dans les arcanes de la chrétienté au cours de la période méconnue du Haut Moyen Âge.
Citations:
– p 139 : « Mais beaucoup de gens aiment à parler et se moquent de savoir si c’est un monologue ou un dialogue. »
– p 270 : « Ceux qui les gouvernent leur montrent tous les jours que leur salut ne viendra que par l’acquisition de biens. Pourquoi leur reprocher de suivre cet exemple-là tant qu’on ne leur en montre pas un meilleur ? »