
Cécile Coulon, Les ronces
2018, Le castor Astral 162 p, lu en numérique 94 p.
Les Ronces est un recueil avec lequel je découvre la jeune autrice.
Poésie en prose ou prose poétique ?
Il y a peu de ponctuation (sauf quelques virgules et points), pas de signes typographiques (majuscules…) ni de métrique (vers, rimes, etc.), mais des strophes hétérogènes avec alinéas, enjambements, rejets qui donnent un rythme très souple et en même temps saccadé. Les nombreuses allitérations, assonances et anaphores marquent, elles, un ton très accentué.
Les thèmes abordés sont l’amour, la famille, le pays…et le quotidien dans sa simplicité. Les images parfois déroutantes nous perdent et nous entraînent dans le flot tumultueux de la nostalgie et de la passion.
Un mélange des genres s’opère entre des combinaisons multiples. Les adjectifs alternent ou se groupent, floutant l’émetteur/trice et le/la destinataire. Qui est qui ? Qui parle à qui ? La perception est protéiforme et pluridirectionnelle.
Le titre du recueil (issu de celui d’un poème, p 41) est éminemment métaphorique. Il ne renvoie pas aux ronces stricto sensu quand bien même il y a de nombreuses touches végétales et paysagères. Il représente la broussaille d’épines qui érafle, griffe, blesse et empêche d’avancer sereinement vers l’horizon. Il reflète un vécu très personnel.
La prose serait-elle l’avenir de la poésie actuelle ?
Citations :
– p 10 : « dans les forêts millénaires qui protégèrent longtemps les natifs,/ enroulés dans les branches, pendus aux lèvres des sapins/ qu’agitaient en automne des vents moins furieux »
– p 41/2 : « demain matin les ronces vont griffer les renards dans les bois »
– p 56 : « je m’allègerai de ma douceur, me couvrirai d’épines, / de ronces »
– p 67 : « et qu’enfin un homme, une femme, ait le courage, / cette douleur, /de la nommer. »