
Fred Vargas, L’humanité en péril, T2
Quelle chaleur allons-nous connaître. Quelles solutions pour nous nourrir?
2023, J’ai lu, 384 p.
Le premier tome était décourageant, le second nous laisse désespérés. Au « Je sais, je sais…déjà » de 2019, on a envie de dire aujourd’hui (2023) ; « en fait non, je ne savais pas ! » On ressort de cette lecture littéralement ébranlé.e.s.
Il y a moins d’humour (l’autocenseur a disparu) et le livre est plus directif. On ne rigole plus, on s’organise. Dans les moindres détails, l’autrice calcule et trie. On se demande comment elle a pu penser aux écosandales équines, au pneu de vélos en bandes de textile usagé et au nombre de camions transportant ci ou ça ? Les chiffres sont encore là, plus accablants que jamais et dans tous les sens du terme.
Tout part du dérèglement climatique (réchauffement) provoqué par les émissions de Co2 (entre autres). La triade pétrole/gaz/charbon assurait notre expansion industrielle, technologique, commerciale, le confort domestique, le développement des loisirs… Si la fin des énergies fossiles, programmée mais pas (vraiment) annoncée nous garantit un maintien dans le « supportable », les bouleversements n’en seront pas moindres. Le réchauffement sera endigué par la force des choses, mais à quel prix!
Cet avenir semble pourtant prévisible, étant donné que les solutions de rechange ne sont pas en mesure de répondre à la demande. L’espoir ou le déni aveugle sans aucun doute les trois quarts de la population. Le quart restant laisse faire en se disant certainement « après moi le déluge ». Comme d’habitude, depuis Louis XV.
Le changement sera principalement un retour en arrière (locomotion animale, parcellisation, ruralité…), quel que soit le nom qu’on lui donnera. Sous prétexte de ne pas faire paniquer la population (toujours la même excuse), on la garde dans l’ignorance (autre méthode bien connue). Aucune information précise, aucune préparation pragmatique, c’est le silence. Des bruits fuitent, mais on croit à des catastrophistes en mal de publicité.
Le scénario à court terme relève déjà de la science-fiction à rebours. Il laisse présager le pire à long terme comme une dystopie mal digérée. On a du mal à y croire, effectivement, tant tout cela nous parait inconcevable et inadmissible.
Fred Vargas, chercheuse au CNRS persiste à nous alerter en publiant le condensé de son travail d’investigations argumentées et son immense documentation (quand elle en a trouvé ou qu’on a bien voulu lui fournir).
Elle ne change pas de camp: elle reste « espérantiste » de la survivance.
Citations:
– p 234 : « Ainsi en va-t-il en tous les domaines où nous avons laissé, impotents et aveugles, le puissant machinisme dépasser de bien trop loin la mesure de l’échelle humaine. » (Les italiques sont de F. Vargas).
– p 286 : Ces exemples pour insister sur le rôle absolument déterminant de la forêt pour nous maintenir en vie, nous, les hommes, les animaux, les végétaux. Sur nos forêts, nous devons veiller comme sur notre bien le plus précieux qui soit. » (Les italiques sont de F. Vargas).