
Sylvie Tanette, Un jardin en Australie
2019 Grasset, lu en numérique 121 p.
Ce court roman est écrit dans une langue simple qui rend sa lecture facile et agréable.
Sylvie Tanette alterne deux personnages centraux : Ann et Valérie, deux femmes que le temps relie. Entre le présent et le passé, on découvre l’histoire et l’actualité d’un pays, l’Australie, terre ancestrale d’un côté (pour Ann et Justin) et terre d’adoption de l’autre (pour Valérie et Frédérique). Le récit entrecroise les vies des deux couples mis en parallèle.
Ann « observe » Valérie jusqu’au moment où elle décide d’interférer en provoquant une réaction en chaîne. Cette interaction transgénérationnelle et fantomatique forcera le cours des choses : Valérie obtiendra les réponses qu’elle cherchait sur sa propriété et ancienne propriétaire. Quant à cette dernière, son ambition démesurée et déçue (exploiter une nouvelle variété de citrons) l’amènera aux portes de la folie, comme la mère dans Un barrage contre le pacifique de M. Duras. Culpabilité? Malchance? Ann passera le relais, quel que soit l’avenir que lui réserve Valérie.
En somme, il est question de destins : celui d’Ann, «coupable» de désobéissance filiale et de méconnaissance botanique (un petit air de Bouvard et Pécuchet?), celui de Valérie dont la fille est mutique, celui de l’Australie que la poussière rouge dessèche et celui du citronnier de Sicile hybridé aux finger limes de Wallangana.
Ps. Ce titre a été ajouté à ma liste : “Titres d’ordre végétal”, rubrique “Jeux, listes, collections”.
Citations :
– p 6 : « Quand j’étais jeune, déambuler parmi mes plantes m’apaisait toujours. »
– p 21 : « Et un jour j’ai réalisé que j’avais à ma disposition le plus beau terrain de jeux : un jardin. »
– p 37 : « Notre pays avait perdu assez de temps à importer leur culture et leurs technique [aux pays européens], nous les avions suffisamment singé. L’heure était venue de nous émanciper. »
– p 37 : « Mes recherches allaient permettre d’améliorer le rendement agricole des zones semi-désertiques d’Australie, j’étais certaine d’y parvenir. »
– p 58 : « Je me fichais de la rentabilité, si stupide que cela puisse paraître. J’étais une scientifique, pas une paysanne. »