
Maison d’Elsa Triolet et Louis Aragon
Île de France, Saint-Arnoult-en-Yvelines.

La maison d’Elsa Triolet et de Louis Aragon est située à Saint-Arnoult-en-Yvelines. C’est un ancien moulin dont la chute d’eau a été conservée : elle est visible par un hublot du salon et de la rue. En ouvrant l’intérieur sur l’extérieur (et inversement), l’ambiance du salon cathédrale s’en trouve enrichie de symboles chers à ses habitants. C’est un aspect que j’ai découvert dans ce lieu et qui m’a plu.



La maison recèle de nombreux objets exotiques – car Elsa aimait les voyages– de nombreux artefacts dérivés et recomposés – car Elsa aimait la création et le détournement d’objets, des pièces à vivre et les bureaux respectifs des deux écrivains. Ils y venaient pour s’éloigner de leur appartement à Paris.
Louis Aragon, dans Fou d’Elsa rend un hommage particulier à sa femme :
Les mains d’Elsa
Donne-moi tes mains pour l’inquiétude
Donne-moi tes mains dont j’ai tant rêvé
Dont j’ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon propre piège
De paume et de peur de hâte et d’émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fuit de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Qui me bouleverse et qui m’envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j’ai trahi quand j’ai tressailli
Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d’aimer qui n’a pas de mots
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D’une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d’inconnu
Donne-moi tes mains que mon cœur s’y forme
S’y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement …


Aujourd’hui, des expositions temporaires sont organisées dans des pièces réaménagées, un joli jardin et un très grand parc accueillent une exposition d’art contemporain permanente. Un ancien bal parquet est encore en activité pour quelques manifestations.

La tombe fait face à la maison et les réunit dans ce cadre tranquille et intime.
Sur la pierre est sobrement écrit :
Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l’alliance de nos livres nous unira pour le meilleur et pour le pire, dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi. La mort aidant, on aurait peut-être essayé, et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre de notre vivant, les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, noir sur blanc la main dans la main s’opposer à ce qu’on nous arrache l’un à l’autre.
ELSA