
Andrée Chedid, La maison sans racines
2007, J’ai lu, version numérique, 131 pages.
Comme dans une famille nombreuse et remuante, il y a dans le roman d’Andrée Chedid beaucoup de noms, de personnages et leur histoire, de souvenirs qui nous la rendent attachante et en même temps difficile à suivre, parfois.
L’alternance des deux époques (1932 et 1975) et des évènements qui s’entremêlent retrace les ressentis de chacun. Devant ce qui pour beaucoup a été imprévisible, les deux jeune femmes « Myriam et Ammal cherchaient, en utopistes, à rallier toutes les communautés dans un même but » (p 93) : la paix. Mais ce qu’elles ont reçu n’a été que violence.
Le dénouement, d’une injustice flagrante progresse lentement vers son paroxysme. Cependant, si l’incompréhension est bien montrée, la tension imprimée au départ avec le coup de feu a tendance à se dissiper au milieu des images d’une famille heureuse, unie et aimante, aisée de toute évidence. Il n’en demeure pas moins que ce témoignage, sans donner d’explications ni de leçons, est poignant.
Citations:
– p 79 : « Elle a vu glisser un demi-siècle, assisté à la décomposition d’un vieux monde, au bouillonnement d’un autre qui n’a pas encore mûri. »
– p 93 : « Myriam et Ammal cherchaient, en utopistes, à rallier toutes les communautés dans un même but. »
– p 112 : « Il fallait retrouver Georges coûte que coûte, le convaincre que ni les doctrines ni la religion ne devaient déterminer les rapports ; que les luttes partisanes étaient fatales, qu’il n’en résulterait qu’un engrenage désastreux. »
– p 112 : « Chacune agiterait son écharpe jaune : ce signal lumineux de paix, de ralliement. »