
Michel Baridon, Les jardins : Paysagistes, jardiniers, poètes
Robert Laffont, Essai, 1999, 1233 p.
Ce livre aux lignes encyclopédiques recense l’histoire des jardins. Il nous donne les bases de la connaissance dans cette matière changeante, de pays en époques. Il nous fait accéder à un luxe qui s’est démocratisé pour le plus grand bonheur de tous et espérons le, pour l’avenir commun.
Divisé en deux parties, la premières est intitulée “Jardins des horizons lointains”. Elle illustre l’histoire des jardins dans le temps (passé) et dans l’espace (étranger). La seconde, dont le titre est “Jardins de la tradition occidentale” retrace l’évolution des jardins du moyen âge jusqu’à nos jours (avec des projets d’avenir), en occident.
Les annexes (p 1189), chronologie (p 1187) et index sont des sources inestimables dans lesquelles puiser les sorties in situ (parcs et jardins, (p 1193), les rencontres éventuelles (noms des personnes, p 1199) et les lectures prospectives (textes d’écrivains, de théoriciens et de praticiens, p 1215), etc.
Citations :
– p 1 : « Passade, dira-t-on, snobisme. Soit. Mais les passades et les snobismes sont d’utiles girouettes, très sensibles aux mouvements de l’air du temps. » (écrit en 1998)
– p 2 : « […] la sauvegarde et l’illustration du patrimoine naturel [est] désormais reconnu comme l’égal ou presque de son cousin de plus haute lignée, le patrimoine culturel. […] Il apparait de plus en plus clairement que la mission des jardins est d’unir ces deux patrimoines. »
– p 5 : « […] les hommes construisent d’abord de nobles édifices et font ensuite de beaux jardins : comme si les jardins étaient le signe d’une perfection plus grande. » Bacon.
– p 5 : « […] mais les jardins, eux [au contraire des tableaux] changent par l’effet de leur propre nature. Ils sont en restauration permanente et se transforment sous nos yeux, plus ou moins vite, certes, mais sans cesse. »
– p 8 : « Les échanges sont continuels entre les différentes civilisations et dans ce domaine très fécond, ils se font de deux façons : d’abord par l’image, puisque les plans de grands jardins ont circulé dans toute l’Europe, mais aussi par le langage de textes qui ont été largement diffusés et parfois traduits. »
– p 8 : « Ce sont eux [les jardins] encore qui mêlent le mieux le monde des arbres et des fleurs à celui de nos désirs et de nos songes. Vaux-le-Vicomte, c’est aussi La Fontaine, Ermenonville, c’est aussi Rousseau, « le grand parc solitaire et glacé », où qu’il soit, c’est aussi Verlaine. »
– p 11 : « Or les jardins sont une représentation de la nature et ils témoignent des découvertes que font les artistes et les architectes quand ils se détournent d’une certaine image du monde pour en proposer une autre.
– p 1137 : « alors que le mots « jardins » et « parc » connotent à l’origine l’idée de clôture, de protection contre les forces extérieures de la nature sauvage, le mot « paysage » lui, a été associé dès sa création à la prise de possession par le regard d’une vaste étendue de terrain » clos/étendue = jardin / paysage ;
– p 1139 : « Nous ne sommes plus « maîtres et possesseurs de la nature » (R. Descartes, Discours de la méthode, 6e partie, Gall, la Pléiade, 1953, p 168). Nous sommes désormais ses partenaires ».
– p 1150 : « Le passager de la terre devient alors comptable de son patrimoine, jardinier de son paysage » Gilles Clément, Contributions à l’étude du jardin planétaire, Valence, Ecole régionale des beaux-arts, 1995, p 55.
– p 1150 : « On peut voir dans ses jardins (de Gilles Clément) une forme d’intervention minimale »
– p 1150 : « Presque toujours, sous nos climats, le climax est une forêt. »
– p 1154 : « Le paysage est devenu un véritable carrefour des sciences humaines. »
– p 1155 : « […], il n’est plus possible de traiter le monde rural indépendamment du monde urbain et inversement. La globalisation de l’espace répond bien aux problèmes actuels de l’aménagement du territoire ».
– p 1159 : « C’est en effet dans les traces qu’ont laissées las paysages dans la littérature, dans les récits de voyage et dans les textes qui concernent l’espace français que les réponses aux questions que l’homme se pose aujourd’hui sur la construction du sentiment paysagiste peuvent être trouvées. »
– p 1189 : « Entrer dans un labyrinthe c’est comme se plonger dans un roman policier ou, toutes proportions gardées, dans un film d’horreur. L’angoisse ne dure que tant qu’on veut bien la subir ? On s’en amuse ensuite. »
– p 1189-91 : « Le labyrinthe est à la fois un jardin et un antijardin. C’est un jardin parce qu’on y avance entre des haies taillées, comme dans une allée normale. C’est un antijardin parce que l’on y avance « à l’aveugle », et cela va à l’encontre de la grande ambition du jardin qui est de donner de la nature une représentation maîtrisée par l’intellect. »