
Commentaire sur : La féminisation des professions, l’écriture inclusive…
Féminisation des professions.
Autrice, Auteuse, Auteure, Auteuresse, Autoresse et Authoresse, Femme auteur, Femme de lettres, Femme qui écrit, Romancière…Alors que le débat est loin d’être clos entre les partisans du “toujours masculin”, ceux en faveur d'”auteure” et ceux préférant “autrice”, il est difficile de choisir. On peut se demander pourquoi ?
Bien sûr, les Anglais n’ont pas de genre pour “writer” ou “reader” mais ce n’est pas le cas en français. Notre langue marque la différence. Pourquoi pas dans tous les domaines ?
Soit on “invente ” le mot : “auteure” en suivant l’exemple des Canadien.nes, soit on en revient à l’époque d’avant le XVIIIe siècle, avant que le dictionnaire n’efface le féminin de cette profession (et de tant d’autres professions intellectuelles) et on garde le terme : “autrice”. (voir un autre article ici)
Le néologisme “écrivaine” est passé plus ou moins dans les faits, mais le mot fait encore bondir quelques récalcitrant.es qui continuent d’appeler une femme un écrivain. Certains continuent d’employer des périphrases en contournant le problème.
Si j’ai adopté l’écriture inclusive, c’est afin de marquer “ma présence en tant que femme” dans la société telle qu’elle est encore aujourd’hui et pour rendre visible ce qui reste entre parenthèses : ce “e”, par exemple.
En revanche, je ne serais pas contre m’inspirer des Anglo-saxons en uniformisant les pronoms impersonnels concernant les objets inanimés en un “u” commun par exemple (en anglais, c’est un “a”). Pourquoi donner un genre à une chose ? le genre des objets inanimé est de loin un obstacle colossal à l’apprentissage de la langue française par les étrangers, les écoliers français ayant une immersion qui les met rapidement en état d’écarter intuitivement ce problème – encore que pas toujours!
Et là, ce serait sans nul doute un remaniement autrement “révolutionnaire” de la langue.
En français, le “e” final n’est pas une règle sûre pour définir le genre d’un nom commun. Il y a de nombreux exemples qui dérogent : un meuble finit par une voyelle alors qu’une maison finit par une consonne. D’autres exemples me viennent à l’esprit : le territoire (masculin finissant par “e”, la vision (féminin finissant par une consomme), etc.
Alain Baraton (Dictionnaire amoureux des jardins, p 194) cite Jacqueline de Romilly (Dans le jardin des mots), une des rares femmes à avoir atteint une position dans un monde de sommités masculines (Académie française, Collège de France, Académie des inscriptions et belles-lettres). Elle déclare avec ironie : « Pourquoi ne se mettrait-on pas à écrire la couleure ou la blancheure, sous prétexte que ces mots sont féminins ? ». Je répondrais avec respect que les exceptions abondent dans la langue française et que, poursuivant une évolution inéluctable, celle-ci pourrait inclure une reconnaissance du féminin concernant les personnes dans tous les domaines de leurs activités, sans rajouter à son côté compliqué pour ce qui ne définit pas l’humain.
Quant à Alain Baraton (voir mon article ici), si je partage avec lui l’inconfort vis-à-vis du terme « jardinière » (mot appliqué jusqu’ici à des parterres ou des pots de fleurs, un plat légumier ou un grand magasin qui a disparu en 1972), et si je suis également d’accord pour envisager d’ajouter un des termes proposés tels que « jardineuse » ou « jardiniste » (Dictionnaire amoureux des jardins, p 194). Si je suis sceptique sur une réalisation prochaine, je reste confiante pour le futur. L’avenir verra soit des jardinières (femmes jardiniers), soit des jardinistes (c’est le mot que je préfère !)
Écriture inclusive.
Je reconnais que l’écriture inclusive n’est pas toujours simple, que c’est plus long et parfois plus complexe (visuellement et oralement parlant). Mais l’idée est là. Elle évoluera certainement dans l’avenir et je n’y vois aucun souci. Je pense que c’est une étape afin de rendre visible ce qui est si second qu’il en est secondaire et qu’il ne vaut pas la peine d’être mentionné. Certains argueront que c’est évident ou implicite, mais je doute que ce se le soit pour beaucoup d’entre eux.
Le grand mot est : générique (Adjectif, nom, XVI e siècle, du latin genus, generis (« genre »)). C’est à dire ce qui appartient au genre, à tout un genre, qui résume tout un genre. Il a un sens suffisamment général pour englober une classe naturelle d’objets dont chacun, pris séparément, reçoit une dénomination spécifique. Si le masculin est générique, il résume le genre. On en revient à dire que le féminin n’est qu’une spécificité du genre “homme”. N’oublions pas que l’espèce humaine s’appelle : “Les hommes”.
Je rappellerais qu’Éléonore Roosevelt a bataillé pour que la célèbre déclaration s’intitule “human rights”. En France, on a traduit par “les droits de l’homme”, sous prétexte que “l’homme” est générique et qu’il représente l’humanité.
Dialogue avec un internaute.
– Anne Vacquant : “Que pensez-vous de l’écriture inclusive ?
– MM : un livre en écriture inclusive est venu entre mes mains, à la 3° page je me suis rendu compte que j’avais un problème de lecture, j’ai donc arrêté et je reste à l’écriture que je connais – je ne suis pas certain que de Gilgamesh à Proust ou autres textes essentiels, les auteurs auraient apprécié…Mais qui sait? En tout état de cause je trouve que cela détourne trop la lecture du texte.
– Anne Vacquant : peut-être n’est-ce qu’une question d’habitude? à tout changement, il y a un temps d’adaptation. Les plus grandes révolutions n’ont pas été acceptées immédiatement, et sans revenir en arrière, nous pouvons nous tourner vers un avenir plus égalitaire?
–MM : peut-être avez-vous raison…ceci étant il va y avoir des grosses complications orthographiques: comment accorder un verbe quand le sujet est il/elle? Ce qui me dérange encore plus, c’est que cette proposition vienne dans la plupart des cas de personnes aculturées qui prennent Georges Floyd pour saint patron, alors que c’est un délinquant tué atrocement par des forces de police abruties…
– Anne Vacquant : Pour tout débat d’idées, afin d’éviter les excès, il faut en parler avec courtoisie. Pour toutes nouvelles dispositions, il convient de les expliquer clairement. Force est de constater que si l’on prend comme exemple la féminisation des professions, ce sont les métiers intellectuels et de haut niveau qui ont le moins d’équivalents orthographiques féminin (s’il existe une postière, l’écrivaine met du temps à s’installer. L’auteure et l’autrice sont encore en compétition avec femme auteur (abrégée en auteur). En revanche personne ne contredit la philosophe qui se contente aisément du «e» final si on utilise l’article «la/une/cette» devant). La revendication des femmes accédant (ou retrouvant) ces postes aujourd’hui semble légitime. Quant à l’acculturation, le problème est ailleurs.
Cette pratique constitue un premier pas pour éviter les pratiques discriminantes qui sont pénalement répréhensibles.
Le débat reste donc ouvert jusqu’à ce jour (2022).
2023 marque un tournant crucial avec l’interdiction proposée par le texte porté par la sénatrice LR Pascale Gruny et soutenue par le discours du Président Macron de l’écriture inclusive (tous points confondus : e final, point médian, néologismes, etc.).
Lire plus sur :
– Manuel d’utilisation (Cliquer ici).
– Les Défricheurs : une rentrée littéraire qui s’accorde au masculin ? (actualitte.com) (suivre le lien)
– L’édition a beau se féminiser, les inégalités demeurent (actualitte.com) (suivre le lien)
– Contre l’écriture inclusive (lire ici.)
– 2023 : Proposition de loi visant à protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive (lire ici et ici…
Parité.
1. Nom féminin: DIDACTIQUE : Fait d’être pareil (en parlant de deux choses).
2. MATHÉMATIQUES: Caractère d’un nombre pair.
C’est en 1622 que Marie de Gournay, nièce de Montaigne, publie le traité de l’Égalité des hommes et des femmes et en 1626 Les Femmes et Grief des Dames où elle prône l’égalité absolue entre les sexes, sans misogynie et sans son antonyme : la « philogynie ». En 1673-1674, François Poullain de la Barre, écrit De l’Égalité des sexes et De l’Éducation des dames. Nous savons qu’en 1789 : La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame le principe d’égalité entre tous les êtres humains, mais que dans l’écriture seuls les mots homme et citoyen apparaissent.
Voici quelques développements et pistes de réflexion:
“Depuis 1946, l’égalité femmes hommes est un principe constitutionnel. La loi garantit aux femmes dans tous les domaines des droits égaux à ceux des hommes. Malgré un important corpus législatif pour l’égalité professionnelle, la situation des femmes sur le marché du travail reste plus fragile que celle des hommes”. “La parité signifie que chaque sexe est représenté de manière égale . C’est un instrument au service de l’égalité, qui consiste à assurer l’accès des femmes et des hommes aux mêmes opportunités, droits, opportunités de choix, conditions matérielles tout en respectant leurs spécificités”. “L’égalité entre les femmes et les hommes est un principe constitutionnel précisé dans l’article 3 du Préambule de la Constitution de 1946, qui indique que « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme”. “Dans le cadre de la défense des droits des femmes, la notion de parité a été avancée pour défendre l’égalité organisée en nombre de sièges ou de postes occupés par les hommes et les femmes dans des institutions (publiques ou privées) qui faisaient apparaître une discrimination de fait”. La parité a “une incidence non négligeable sur l’entreprise, mais aussi sur la société. Lorsqu’une organisation décide de faire de la parité une valeur intrinsèque, cette dernière a un impact auprès de ses talents au travail, mais aussi dans leur sphère privée.” Elle peut “comporter des avantages non financiers tels qu’une meilleure gouvernance, la cohésion et la créativité stimulée par la diversité sur le lieu de travail”. “Au fil du temps, les sociétés ont progressivement enrichi la notion d’égalité. C’est ainsi qu’on a pu parler d’égalité en droit ou d’égalité politique, puis d’égalité sociale (que l’on comprendra comme égalité des situations), et enfin plus récemment d’égalité des chances”. ..