
Liliane Schraûwen et Yannick Ziegler, Dictionnaire de citations pas comme…
2017, La Renaissance du Livre, 448 pages.
Droit de cité pour le droit de citer, comme aime à le préciser l’avant-propos (p 9)
– 70 : C comme changement : « C’est fastidieux d’être toujours le même » dit Michel Foucauld, cité dans Le figaro Littéraire (1995). Je lui opposerai (en contradiction, à moins qu’on ait décidé de changer) la phrase de Daniel Pennac dans Cabot-Caboche (même page) : « Le problème avec la vie c’est que, même quand ça ne change jamais, ça change tout le temps. »
Alors est-ce fastidieux ou pas, finalement ? Je pense que Pennac en a illustré pleinement le piment avec sa saga des Malaussène.
– 175 : H comme habitude : « L’univers le plus inhumain devient humain par la force de l’habitude » de Yasunari Kawabata, dans Les belles endormies.
Cela veut dire que l’humain est inhumain et inversement, mais n’implique pas qu’on doive l’accepter, même par habitude. Parmi mes lectures récentes, cette citation me fait penser à Émilienne Malfatto, Le colonel ne dort pas.
– p 276 : O comme oublier : « On ne parvient à oublier certaines choses qu’en s’intéressant à d’autres choses » affirme assez logiquement Françoise Sagan dans Des yeux de soie.
Parmi mes lectures pas si lointaines, cette citation me rappelle le livre intitulé Il faut laisser les cactus dans le placard, de Françoise Kerymer.
– p 371 : Une petite dernière pour finir, à l’approche des fêtes de fin d’année : U comme univers : « Le cerveau, fasciné par l’exception, nous montre l’univers comme un sapin de Noël dont nous ne verrions que les guirlandes. Mais comment faire pour voir les branches ? » se demande Élisa Brune dans Les Jupiters chauds.
Parmi mes lectures plus éloignées, cette citation me renvoie à René Barjavel avec La nuit des temps. Les guirlandes scintillent comme nos espoirs dans nos efforts, mais les branches sur lesquelles elles reposent sont bien souvent invisibles, inaccessibles ou improbables…
Ce dictionnaire entremêle les mots à d’autres et trame ainsi une vaste toile d’idées et d’échos se répondant.
Le point faible, à mon sens, c’est qu’il y a peu d’écrivaines citées, alors qu’elles sont davantage publiées ces dernières années. Le point fort, c’est qu’il ne fait appel qu’à des auteurs et autrices contemporain.e.s et donc, à des formulations actuelles de réflexions récentes.