
Hadrien Bels, Tibi la blanche
L’iconoclaste 2022, 247 p.
Tibilé vit à Dakar, au Sénégal. On l’appelle « Tibi Toubab” ou « Tibi la Française » ou « Tibi la blanche », parce que « tout le monde sait qu’elle va partir ” en France, en Europe, chez les blancs : les toubabs (p 101).
Les coups de griffe envers le colonialisme sont présents, sans être suivis de polémique. En revanche, ils montrent les marques laissées sur une société dont la nouvelle génération cherche encore ses repères. On aurait peut-être apprécié plus de développements, mêmes risqués, sur des sujets aussi sensibles que le post-colonialisme, le racisme, l’excision des jeunes-filles, le maraboutisme, etc. L’auteur n’a semble-t-il pas voulu entrer dans ce débat. Le roman reste donc “frais” se concentrant sur une jeunesse pleine d’espoirs, avec l’avenir devant elle.
En effet, Tibi a deux amis que le baccalauréat va diriger vers des destins différents du sien. L’amitié y résistera-t-elle ? Peut-on prévoir la réussite d’Issa dans le stylisme ? celle de Neurone comme vendeur d’automobiles ? et celle de Tibi en France ?
Reviendra-t-elle ensuite au pays et comment y sera-t-elle accueillie ? Deviendra-t-elle comme les cousins, de passage chez les Coly ? Tiendra-t-elle sa promesse de rester telle qu’elle est ? (p 246).
Toutes ces questions en filigrane restent au seuil de la date fatidique, l’obtention du diplôme prestigieux, sésame de réussite.
C’est un roman qui se lit bien, une histoire d’adolescents à l’orée de leur vie adulte. Des rêves, des ambitions, de l’innocence et des illusions sûrement, mais aussi une volonté de faire quelque chose de sa vie font de Tibi la blanche est témoignage qui se veut optimiste et actuel de la situation au Sénégal.
Citations :
(Note : le Wax est un tissu iconique centrafricain. D’inspiration indonésienne (d’après le Batik), il est renommé wax en fonction de sa technique de fabrication (wax signifiant cire)).
-p 96 : « Il était encore trop jeune pour vraiment prier. Il n’avait pas encore goûté à la peur de la mort, à la culpabilité, à la jalousie et au péché. »
-p 152 : « On ne répond jamais aux questions, on ne fait que mentir, on ne fait que dire ce que les gens veulent entendre. »
– p 156 : « Tibilé doit affronter sa peur, Issa lui aura tout fait. Un bon ami te bouscule. Même sans le vouloir. »