
John O’Farrell, L’homme qui a oublié sa femme
Pocket 2015, 407 p, titre original : “The man who forgot his wife”.
Londres. 22 octobre. Vaughan subit un black-out. Il a 39 ans.
Avec un humour tout en finesse et une habileté à manier les sentiments et les rebondissements, John O’Farrell nous entraîne au cœur d’un divorce, ou plutôt d’un remariage, enfin d’une histoire d’amour avec ses hauts et ses bas, si banale somme toute. L’auteur s’en joue, s’en moque pour mieux montrer les ridicules, les incompréhensions et des fautes si bien partagées.
Sont présents les thèmes de la mémoire, des faux souvenirs et des vrais, de l’amnésie régressive et de la fugue dissociative, du stress, de la « petite » histoire personnelle et de la « grande » commune à tous, les deux biaisées par une psychologie qui ne veut retenir que ce qui l’arrange.
Mais heureusement, il y a le Leprechaun ! Cette carte postale optimiste, caricaturale et à la limite « raciste » tant elle est typique de l’Irlande où le couple a passé ses meilleurs moments.
Lire ce roman est un vrai plaisir qui nous réconcilie avec l’amour et le mariage, si tant est que nous nous en éloignions.
Citations :
– p 15-16 : « C’est à cette occasion que j’ai appris que le besoin le plus essentiel de l’être humain, c’est l’assurance d’être vivant et visible des autres. »
– p 24 : « Vous avez été victime d’une « fugue dissociative », une véritable évasion hors de votre existence précédente, probablement déclenchée par un énorme stress ou une incapacité à assumer ce qui se passait. »
– p 236 : « En un siècle et demi, les choses avaient beaucoup progressé. Maintenant, les scientifiques savaient qu’ils ne savaient rien. »
– p 248 : « Tu n’es pas retombé amoureux de moi ! Tu aimes juste l’idée d’être marié ! a-t-elle crié, en colère à présent. Et maintenant, je dois supporter tous ces gens qui te plaignent : « Le pauvre Vaughan…Il ne se souvient même plus de sa femme ! » Ton amnésie n’est que la conclusion logique de la façon dont tu vois le monde… »
– p 249 : « Alors, perdre sa putain d’identité, crois-moi, je connais ! Chaque épouse et chaque mère connaît ça depuis l’aube des temps… »
– p 314 : « Ce que tu m’as dit à propos de la façon dont les faits sont biaisés pour que les gens se sentent plus à l’aise, il faut en parler. Tu as raison. C’est exactement comme ça qu’on réécrit l’histoire. »