
Barbara Kingsolver, L’arbre aux haricots
Rivages1995, Titre original : The Bean Trees, 278 p.
Marietta change de vie et change de nom. Devenue Taylor, elle part à l’aventure, quitte le Kentucky et s’installe à Tucson.
Dans ce roman initiatique, la jeune fille découvre ses envies et ses capacités, affronte ses peurs et rencontre des amitiés improbables. Elle renonce à un amour qu’elle ne peut pas vivre (pour des raisons que l’on comprend dans le livre), mais dont elle ressent les premières émotions. En revanche, un amour maternel inattendu pour une enfant qu’elle adoptera ensuite transformera sa vie. Confrontée à l’injustice et à la violence, elle y répondra par le courage et la solidarité.
Si Barbara Kingsolver soulève les sujets de l’immigration clandestine liée à la tyrannie dans les pays de l’Amérique centrale, des abus sexuels sur enfants, de la misère matérielle et intellectuelle en 1980 dans des états éloignés du glamour des côtes est et ouest des États-Unis, le ton est parfois dur mais jamais moralisateur.
L’humour et l’humanité avec lesquels elle dépeint les personnages, drôles mais pas ridicules, généreux mais jamais faibles, tendres mais féroces quand il le faut donnent ses qualités à la lecture et font de ce roman un temps fort.
Pourquoi L’arbre aux haricots ? Parce que Mattie plante des haricot blancs dont elle fait la soupe que Turtle aime manger avec du ketchup. La petite fille plante aussi, joue et apprend à dire le mot comme tous les noms de légumes (p 123).
La petite fille est fan d’agriculture et de légumes notamment . Sa passion naît à partir de l’arbre aux haricots, appelé ainsi parce que les pousses montent haut (en comparaison avec la taille de la fillette de plus ou moins deux ans). La plante déclenche l’émotion et le plaisir chez l’enfant : « Turtle était aux anges. Elle donnait des claques enthousiastes à la photo ». Elle devient fétiche.
Grâce aux rhizobias qui apportent de l’engrais aux racines, l’arbre planté dans un sol pauvre s’épanouit : « C’est exactement la même chose avec les gens » (p 272). Et c’est la raison pour laquelle il donne son titre au roman car il incarne l’organisation souterraine d’entraide dont fait partie à présent Taylor.
Alors, il prend place dans la suite des mots que la fillette énumère comme le chapelet des perles dont sa vie est constituée : « elle regardait la route sombre et me distrayait avec sa chanson aux légumes, sauf que maintenant il y avait des gens mélangés aux haricots et aux patates […] / Et moi. J’étais le principal ingrédient » (p 278).
Ce titre appartient à ma liste « Titres d’ordre végétal » ici et à mon essai ici.
Citations:
– p 51-52 : « J’ai compris pourquoi les hommes s’imaginent qu’ils peuvent impressionner une femme en peignant le monde sous des couleurs aussi terrifiantes. Je vous le demande, est-ce que nous ne vivons pas tous les jours de notre vie dans le même monde qu’eux ? »