
Roald Dahl, Bizarre! Bizarre!
folio 1962, 308 p.
Le titre français « Bizarre ! Bizarre ! » accentue le côté bizarre de toute évidence (vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre…), alors que le titre anglais « Someone Like You » met l’accent sur le familier. Entre les deux, il n’y a pas à choisir : ce recueil dévoile ce qu’il y a de bizarre dans le familier.
Car si on peut classer ces nouvelles dans les histoires fantastiques, elles restent ancrées dans le réel. Le drame se surpasse souvent dans la vraie vie.
Un détail incompréhensible laisse advenir la nouveauté dans la routine. Le panel est large entre la cruauté et l’absurde, le ridicule et l’amusant. Mais à chaque fois, le trait de l’auteur vise juste. Si on s’amuse, on s’amuse des autres sans penser que l’on se trouve (peut-être ?) dans le lot. Dans ce cas, on en est bien agacé, à moins que l’autodérision ne vienne calmer notre mouvement d’humeur.
Le suspense est engagé rapidement mais ne se dénoue qu’à la fin, lorsqu’elle est explicite. En effet, les chutes sont plus ou moins claires et le lecteur doit s’arranger pour y comprendre le fin mot de l’histoire.
L’humour de Roald Dahl s’infiltre dans ces quinze histoires qu’il rend effectivement saugrenues grâce à la maestria de sa plume. Sans l’écriture, elles ne seraient que de tristes anecdotes ou faits divers. La société ainsi décrite n’est pas jolie-jolie mais cela peut nous faire réfléchir tout en nous distrayant.
Citations :
– p 230 : « Je veux être sûr d’écrire un livre intellectuel et de haute qualité. J’espère que vous m’avez bien compris.
— Rassurez-vous, monsieur, je suis en train d’inventer un nouveau tableau de contrôle qui vous permettra d’écrire tout ce que vous voudrez. »