
William Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été
(A Midsummer Night’s Dream), Le Livre de Poche 1983, 267 p.
Le Songe d’une nuit d’été met en scène deux couples d’amants : Lysandre et Hermia d’un côté, Démétrius et Héléna de l’autre. Par ailleurs, Titania est furieuse contre Obéron. Puck lui verse une potion destinée à la réconcilier avec lui mais elle tombe amoureuse de Bottom parce que le philtre lui fait aimer la première créature vivante qui apparaît. La comédie prend un tour amusant avec le ridicule que subit la reine des fées en s’éprenant du grossier Bottom affublé d’une tête d’âne.
Cette “dissertation” ludique sur les méandres de l’amour « qui ne suit jamais un cours facile » parcourt ses chemins capricieux et velléitaires, dévoile les tractations et les rétractations, dénonce les illusions et l’aveuglement de la passion… On retrouve bien sûr le thème du philtre d’amour mais également celui du devoir filial, des amours contrariés au beau milieu des quiproquos ou de l’inconstance, thèmes chers à nos dramaturges antiques et modernes, qui ne restent pas si éloignés de nos contemporains.
La réussite de l’œuvre est due au lieu (une forêt étrange, magique, ensorcelante), au temps (cela se passe durant une seule nuit, en été), à l’aspect onirique de l’ensemble. Mais aussi parce que la comédie passe par la farce et la pantomime. Les personnages fourmillent et Shakespeare entremêle le drame à la légèreté. La théâtralisation de l’histoire est elle-même évoquée par la mise en abyme (la pièce de théâtre de Pyrame et Thisbé).
Il résulte de cette profusion une confusion propice à toutes les occasions. Le dramaturge digresse alors à l’envi, ne manquant pas de faire des portraits pertinents et des commentaires judicieux : « Ainsi le destin l’ordonne ; pour un homme qui garde sa foi, des millions doivent faiblir, brisant serments sur serments » (p 172).
Citations :
– p 217 : « Puck, aux spectateurs. — Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement (et tout sera réparé) que vous n’avez fait qu’un somme, pendant que ces visions vous apparaissaient. »