
Liste : Citations sur l’écriture.
Citations que j’ai choisies chez les écrivain.es que j’ai lu.e.s, portant sur l’écriture et/ou le métier d’écrivain.e.
L’auteur ou l’autrice d’une citation doit être nommé.e et le lieu ou le livre dans lequel la citation a été formulée également.
Michael Christie, Lorsque le dernier arbre,
– p 221 : « J’ai toujours été observateur, monsieur, dès l’enfance. La malédiction des poètes. »
– p 628 : “Je suis gênée de l’avouer, mais je veux être écrivaine comme Virginia Woolf. Je veux savoir à quoi ressemble cette extase… Être dépassée par les mots ! Les sentir courir dans vos veines comme du vif-argent, plus vite que votre sang ! ”
Michel Baridon, Les jardins : Paysagistes, jardiniers, poètes,
– p 8 : « Ce sont eux [les jardins] encore qui mêlent le mieux le monde des arbres et des fleurs à celui de nos désirs et de nos songes. Vaux-le-Vicomte, c’est aussi La Fontaine, Ermenonville, c’est aussi Rousseau, « le grand parc solitaire et glacé », où qu’il soit, c’est aussi Verlaine. »
Franck Bouysse, Né d’aucune femme,
– p 211 : « C’est toujours ce qui se passe avec les mots nouveaux, il faut les apprivoiser avant de s’en servir, faut les faire grandir, comme on sème une graine, et faut bien s’en occuper encore après, pas les abandonner au bord d’un chemin en se disant qu’ils se débrouilleront tout seuls, si on veut récolter ce qu’ils ont en germe. »
Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie,
– p 150 : « Le journal intime, opération commando menée contre l’absurde. », et :
« Le rendez-vous quotidien devant la page blanche du journal contraint à prêter meilleure attention aux événements de la journée – à mieux écouter, à penser plus fort, à regarder intensément. »
– p 247 : « Les livres sont plus secourables que la psychanalyse. Ils disent tout, mieux que la vie. Dans une cabane, mêlés à la solitude, ils forment un cocktail lytique parfait. »
Jean d’Ormesson
« L’imagination est un mensonge. Mais c’est un mensonge créateur. Tout le monde sait qu’Aragon a donné à jamais la meilleure définition du travail romanesque : « le mentir vrai ». Les huit péchés capitaux, collectif, p 73.
Nicole Avril
“Ne faut-il pas être démesurément orgueilleux pour oser écrire un mot, une phrase, un livre ? ». Les huit péchés capitaux, collectif, p 17.
George Sand:
« J’écris comme je jardine. »
Catherine Hermary-Vieille, Le Jardin des Henderson :
“L’écriture est une servitude. Chacun parle un langage chiffré, personne n’écoute personne, le verbe est fait pour drainer les masses. Vous n’êtes qu’un porte-voix.” (p 133).
André Beauchamp :
“Une langue possède une structure, une manière de voir et de sentir, une façon d’appréhender le monde. Parler une langue, et bien la parler, tout comme l’écrire et bien l’écrire, c’est également penser le monde, le sentir, le définir à partir du génie propre de la langue utilisée. »
(Une incorrigible passion, ouvrage collectif, Fides, p 359).
Jorge Luis Borges, Fictions :
– “Il y a des poèmes fameux composés d’un seul mot énorme. ce mot intègre un objet poétique créé par l’auteur”(Folio, p 19).
– “Penser, analyser, inventer […] ne sont pas des actes anormaux, ils constituent la respiration normale de l’intelligence” ( Folio, p 51).
Nicolas Bouvier, Le poisson-scorpion :
“La journée entr[e] dans le texte comme un laminoir. » (folio, p 157)
Pascal Bruckner, Les voleurs de beauté :
“Ils ont la naïveté de se croire les propriétaires de leurs textes!” (p 44)
Albert Camus :
– “On ne pense que par image. Si tu veux être philosophe, écris des romans.»
– “À la rigueur, c’est assez facile de choisir entre mais et et. C’est déjà plus difficile d’opter entre et et puis. La difficulté grandit avec puis et ensuite. Mais assurément, ce qu’il y a de plus difficile, c’est de savoir s’il faut mettre et ou s’il ne faut pas” (Folio, p 98).
Le personnage de “Grand” s’essaye à l’écriture et cale sur la première phrase qui ne se laisse pas écrire, qui lui échappe et le tient en haleine jusqu’à la fin où la phrase unique est détruite puis recommencée
(La peste, Folio, p 128).
Cocteau disait à Colette :
« Tes livres ont l’air de s’écrire tout seuls. Tu es une fontaine d’encre. Elle y répondit : « comme c’est triste ! » Car elle arrachait ses mots dans la sueur et les larmes. Elle pouvait passer des jours sur une seule page, déblayer ses phrases, jeter les adjectifs par brassées, couchait son encre, davantage pour raturer que pour écrire, et dégageait enfin les pépites : c’était une chercheuse d’or. Quand il s’attaque à la montagne, l’orpailleur est fébrile et fiévreux. Puis vient la phase de travail. Sans cesse il passe le sable au tamis, inlassablement. Il creuse, lave, rejette. Ce travail de fourmi n’aurait aucun sens s’il ne gardait l’espoir de trouver ce qu’il cherche. Mais voilà : il sait que la pépite est là, quelque part. Alors il replonge. Avec l’expérience, l’effort devient même, paradoxalement, un plaisir. Je peux en témoigner, à mon humble mesure. Le travail, c’est comme un vieil ami qui n’est plus si agréable et qui n’a pour lui que la fidélité. Mais en grattant, on se rend compte que la fidélité, c’est un trésor qu’on ne lâcherait pour rien au monde. »
Philippe Delerm,
La cinquième saison :
– p 33 : « Je retrouve un monde et je deviens très pur. Je redeviens silence et fièvre de lecture. »
– p 39 : « …des phrases à suçoter le temps, à manger le papier… »
– p 46 : « Je me disais que le bonheur serait mon livre à moi. »
– p 60 : « Le jour avait le goût des livres et les livres avaient le goût des jours. Ils m’apprenaient le douloureux chemin de l’impossible. »
et :
Écrire est une enfance,
– p 8 : « Si vous commencez à être connu, la plupart du temps les critiques essaient de construire une figure identifiable, en jouant sur des stéréotypes. Une fois que vous êtes installés dans le paysage, la démarche s’inverse. L’angle d’attaque consiste à briser les stéréotypes. Mais c’est la même chose. Dans les deux cas, il s’agit d’une construction mentale beaucoup trop aérienne pour dire vraiment quel écrivain vous êtes. »
– p 39 : « L’écriture est toujours la traduction d’un manque, d’une fêlure, une façon de déplacer les atomes de la réalité. »
– p 44 « Il faut juste lire un peu pour pouvoir commencer à dire » et p 67 : « Impossible d’écrire si l’on n’est pas lecteur. »
– p111 : « Vous avez une belle vie. Ne la laissez pas contaminer par l’obsession éditoriale. Si vous parvenez à continuer à écrire sans être trop triste de vos échecs, je ne doute pas de votre réussite future. » De Jean d’Ormesson à Philippe Delerm.
Marguerite Duras :
– « Je peux dire ce que je veux, je ne trouverai jamais pourquoi on écrit et comment on n’écrit pas » (Ecrire, p 18)
– « Ecrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit »(Ecrire, p 28)
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Peter Handke :
– “Je suis devenu écrivain. On ne naît pas écrivain. C’est devenu mon métier.”
– “Ce n’est pas normal d’écrire.”
Dany Laferrière, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer :
« C’est le destin de tout écrivain que d’être un traître. J’espère que c’est mon premier cliché (…). (Ed numérique, p 100).
Antonine Maillet :
“Autant de possibles qui n’entrent dans la réalité que grâce à la plume de l’un de ces jongleurs de mots, appelés communément écrivains, à qui Dieu a baillé un huitième jour pour prolonger ou parfaire sa création et, pourquoi pas…nous consoler du poids des sept autres.”
(Une incorrigible passion, ouvrage collectif, Fides, p 83).
Christine Montalbetti, Mon ancêtre Poisson :
“Mais le temps manque pour écrire tous les récits qu’on voudrait”.
Daniel Pennac, La loi du rêveur :
– « Tu as toujours cultivé le souvenir de la sensation plutôt que sa répétition. C’est ce qui fait de toi un écrivain, j’imagine » (p 38) lui dit son copain Louis.
– « (…) un organisme très précis à production aléatoire. Un romancier en somme » (p 94).
– « Nous avions extrait le sens de la vie, ici gisait la vie du sens » (p 96).
– « (…) coltinez-vous le réel. Il y a de quoi faire avec le réel » (p 60).
Toni Morrison (extrait de son Discours de réception du Prix Nobel de littérature) :
“Le pillage systématique du langage peut être repéré là où ses usagers ont tendance à abandonner ses propriétés nuancées, complexes, accoucheuses, et à les remplacer par la menace et l’asservissement. Un langage oppressif fait plus que représenter la violence ; il est une violence en soi ; fait plus que représenter les limites du savoir ; il met des bornes à ce savoir.”
Louise Portal :
“Ma main écrite, c’est mon espoir de demain, mon épanouissement d’aujourd’hui. main dépouillée d’une autre femme qui germe en moi”.
(Une incorrigible passion, ouvrage collectif, Fides, p 257).
Fred Vargas, Pars vite et reviens tard :
“Tout était là , au fond, dans ces petits points, déposés comme les signes aveuglants d’une dévotion d’érudit au texte original. (…). On ne triture pas le texte d’un Ancien, on ne le concasse pas à sa convenance (…). On l’honore et on le respecte (…). Un type qui pose des points de suspension ne(…) commet pas une énorme bévue” (J’ai lu, p 323).
Virginia Woolf :
«Ecrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe ; et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours.»
Denis Diderot :
« Si mon ouvrage est bon, il vous fera plaisir ; s’il est mauvais, il ne fera point de mal. Point de livre plus innocent qu’un mauvais livre. »
“S’il faut être vrai, c’est comme Molière, Regnard, Richardson, Sedaine ; la vérité a ses côtés piquants, qu’on saisit quand on a du génie ; mais quand on en manque ? – Quand on en manque, il ne faut pas écrire.”
Ex nihilo nihil
(rien ne vient de rien).
vers attribués à Lucrèce et repris par Voltaire dans son Dictionnaire philosophique.