
Guillaume Musso, La Vie secrète des écrivains
2019, Calmann Levy, lu en numérique, 200 p.
L’histoire débute avec un primo romancier qui harcèle une célébrité littéraire afin de percer le mystère de son désir d’anonymat et de « retraite ».
Le titre alléchant du livre laisse présager des révélations alors que le lecteur est directement mis dans l’ambiance du vécu de l’auteur-personnage. Le fan entrevoit la possibilité d’entrer dans l’intimité de l’écrivain. Le lecteur-auteur (éventuel) espère, lui, découvrir les secrets de fabrication d’un confrère…
Qu’en est-il vraiment ?
Il y a bien un aspect « master classe », les citations endossant la dite fonction (Irving, Miller, Kafka, Simenon, Bergson, Shakespeare…).
Par ailleurs, les diverses mises en abîmes et les pirouettes entre le jeune et le vieil écrivain mélangent les points de vue. Le narrateur et le personnage qui se raconte, le livre en devenir et celui se cache densifient la trame narrative, donnant moins de réponses qu’ils ne brouillent les cartes.
L’écriture, quant à elle, se montre de plus en plus décomplexée, bien que les situations décrites ne nécessitent pas forcément ce niveau de langue. Quelques images paraissent faciles : « figé par la chair de poule » (p 119, est-ce la peur ou la chair de poule qui figent?), ou erronées : « comme si on l’avait repeint avec un mauvais fusain » (p 132), – le fusain n’étant pas de la peinture! Le vocabulaire est très usuel et familier (bagnole, pisse, pompes, piquouse), voire grossier (putain, merde, bordel), agrémenté de mots anglais pas forcément très courants (sunlights, shutdown, etc.).
Si l’écrivain compose cette enquête proche du thriller avec un certain savoir-faire, le dénouement apparaît pourtant plaqué, à cause de longues explications tarabiscotées.
Par roman interposé, l’écrivain semble davantage vouloir mettre à distance les admirateurs que les voir se rapprocher. Ce qui peut se comprendre…