
Elena Ferrante, Poupée volée
Folio, 196 p.
Le titre m’a rappelé l’épisode de la poupée perdue (volée) dans la cave de L’amie prodigieuse et de la même façon qu’il y a beaucoup d’éléments communs entre L’amour harcelant et L’amie prodigieuse, j’ai pensé que là encore, il s’agissait peut-être d’un événement grossi à la loupe ou d’une œuvre « préliminaire » (?)
Si la poupée n’est pas la même et si la situation est différente, il y a néanmoins un fond similaire. Dans le livre, d’autres situations ressemblent à celles décrites dans L’amie prodigieuse (le(s) mariage(s) raté(s), le prêt de l’appartement aux amoureux…), comme si cette série rassemblait les moments clés des ouvrages antérieurs en les intégrant, en les reliant à une histoire plus vaste. Chaque livre semble porter en soi un des fondements de la tétralogie qui suivra.
Poupée volée raconte la vie de la narratrice – personnage central qui dit « je » et qui ressemble encore une fois à celui de L’amie prodigieuse, à un moment particulier de sa vie : les vacances à la plage. Elle y est seule (divorcée) et sans enfants (ses deux grandes filles sont au Canada).
Autant dans L’amour harcelant le point de vue était celui de la fille face à sa mère, autant ici, le point de vue est celui de la mère (que la fille est devenue) face à la maternité et à la filiation (qu’elle soit de sang : Marta et Bianca, ou d’esprit : Nina).
Le jeu sur le prénom de la fille de Nina (Elena) à l’instar de celui de la poupée (Nani : inversion de Nina) vient encore chambouler la donne, entre mères et filles.
Elena Ferrante raconte une seule et même histoire (la sienne peut-être ?, du moins en partie), à des moments clé, repris et développés. On peut se demander si ce sont des gammes en vue d’une symphonie finale (qui a eu le succès que l’on connait) ou des variations instrumentales sur le thème principal ?
Voir aussi les articles sur L’amie prodigieuse, L’amour harcelant, Les jours de mon abandon et Frantumaglia.