
Collectif: J. P. Barbe, D. Biga, L. Bresner…Écrivains au…
2005, Joca seria, 129 p.
Seize nouvelles ou textes courts égrènent poésie, humour et fantaisie. On y trouve de belles surprises qui ne cessent de germer entre les doigts des écrivains.Entre rêves et aspirations, demandons-nous avec T. Guidet « à quoi bon ces énumérations qui ne sont mots de passe que pour les jardiniers ? Peut-être aussi pour les gourmands de vocables anciens, les obsédés de dictionnaires, les amateurs de termes rares ou disparus, les fervents de liturgies fanées, les archivistes des argots de métier (liste des possibles lecteurs). » (p 52). Quel lecteur, quelle lectrice sommes-nous donc ?
Nous sommes multiples, selon D. Robert-Guédon, et évolutifs : « Si j’insiste sur les âges successifs dans ces différents enclos c’est qu’il m’est apparu que, vraiment plus que les évènements intimes ou familiaux, la manière dont j’ai considéré les fleurs et les arbustes, leurs noms mêmes, en dit davantage sur mon évolution » (p 24).
Sous toutes ses formes, le jardin convoque les sens, les associations d’idées, les souvenirs en flashs, les conversations ou monologues, les évocations dévoilant une cosmogonie personnelle. Et lorsque l’esprit est vide, le jardin l’est aussi (p 68).
Sachant rester humble, il s’agit de « camper en poète » (p 72) car un jardin est éphémère, ponctuel et nous n’y laissons qu’une marque transitoire. D. Biga fait écho à D. Robert-Guédon : « à mon goût, à mon sens, mon jardin, image de ma vie, avec ses luttes, ses repos, ses passions et ses refus, sa profusion avant son dénuement aussi, sa prodigalité après sa mesquinerie, son dénouement – sans cesse repoussé – inéluctable » (p 86).
L’agencement du jardin reflétant le chaos intérieur, E. Pessan lui fait correspondre la topique freudienne (p 37) : le moi, le ça et le surmoi, trois espaces aux frontières brouillées. Ceci étant, on pourrait évoquer les trois types de jardin que l’on retrouve communément : le jardin à la française : espace ordonné, décor ostentatoire ; le jardin anglais : lieu de promenade à la liberté (plus ou moins) maîtrisée ; le potager : terrain nourricier à l’autosuffisance régulée.
Et lorsque l’intérieur contraste avec l’extérieur (p 104), le mystère s’épaissit (p 105).
L’esprit jardine la terre des psychologies, des mythologies et des imaginaires de toutes sortes, sa carte est complexe. Ce recueil nous offre un petit panorama inspiré qui passe du lexicon au poème (dont l’un décline en rime unique la finale du mot jardin), de l’inventaire au souvenir, de l’anecdote au jeu d’enfant, du jardin de la connaissance revisité en Éden Ter.
Si rien n’y manque, tout est encore possible à dire.
Ce titre appartient à ma liste « Titres d’ordre végétal » ici