
Joseph Soletier, La théorie des signatures
Éditions du rocher, 2019, 175 p
Après une rencontre somme toute consentie : « elle cherchait à oublier l’existence du mal, dont la simple virtualité la consternait, lui cherchait un point d’appui dans un univers d’hypothèses, autant dire de chaos. » (p 35), le père (« Yourfather ») regrette d’avoir épousé une sainte et opte ensuite pour des femmes plus charnelles, n’hésitant pas à accuser sa femme de démonisme.
« C’est par nos vices et nos passions, par leurs atomes crochus, que nous adhérons au monde – le père le savait, qui redoutait qu’un excès de théologie négative ne mène Louise au bord du nihilisme » (p 98), la mère en effet, se réfugie dans la pureté et le mysticisme.
Si la théorie selon laquelle la signature de chaque personne, – ou les croyances que d’aucuns utilisent pour vivre – impose la place des uns et des autres dans le monde, elle ne laisse que peu d’espoir aux enfants élevés avec une telle éducation : « Trois grains de sable et beaucoup de rêves, tels sont les méchants comptes que Destinée réserve aux âmes sensibles. » (p 135).
C’est avec une érudition qui frise parfois le déconcertant – et ce, malgré de jolis passages, notamment sur la nature – que Joseph Soletier lève le voile sur le drame de ces existences.
Citations:
– « la règle qui veut que l’âge de raison coïncide avec celui des petits calculs et des premières grandes lâchetés » ( p 26).
– “À croire que l’Église n’a d’autre vocation que de dresser un mur supplémentaire entre le Réel et nous.” (p 67).