
José Mauro de Vasconcelos, Mon bel oranger
1971, Stock, 215 p, titre original : Meu pé de lanja lima.
Zézé (José) est un petit garçon brésilien de cinq ans (presque six). C’est un enfant intelligent (il a appris à lire tout seul) avec sa logique, ses questions, ses déductions et ses rêves. Il est débrouillard et travailleur (il cire les chaussures et “se produit” comme duettiste (sorte de troubadour urbain, p 103). Comme son petit pied d’oranges douces, il est précoce mais conserve l’esprit farceur et espiègle de son âge. Et en définitive, il sait se montrer digne et généreux.
Sa famille est pauvre et la vie est difficile. Seule l’une de ses sœurs Gloria s’occupe de lui et le défend contre la brutalité et le désespoir. Il rencontre celui qu’il appellera le Portugâ et qui deviendra un ami adulte selon son cœur.
Les arbres (p 184 et Chap. 8) sont partout, s’appellent “Reine Charlotte” (p 177) et sont révérés par des “sujets” (p 180). Les orangers, qu’ils soient “épineux” et “hostiles” (p 211) par endroits, recèlent aussi une “puissance magique” (p 200) qui hisse l’enfant au-dessus du monde (p 126). Ils parlent, racontent des histoires (p 82), pensent (p 84) et écoutent, bien sûr (p 37-38-p 40, etc.). À chaque enfant est attribué un arbre et “le Pied d’oranges douces”, sans épines mais avec beaucoup de personnalité prend vite une majuscule (p 36). C’est “une personne” (p 198).
Le garçonnet se confie à son petit pied d’oranges qu’il appelle Minguinho (et en plus affectueux encore Xururuca). C’est une sorte d’ami imaginaire à caractère anthropomorphique (p 120), un double parfois (p 84), en tout cas un ami fidèle qui atténue la tristesse de Zézé que la vie maltraite et qui devient un refuge merveilleux devant une réalité angoissante.
La fleur d’oranger est réputée pour ses vertus calmantes. Lorsque la première fleur (p 209) éclot, le garçonnet guérit mais ne croit plus aux pouvoirs de son oranger qu’il sait devoir être coupé. C’est donc par un adieu à la magie de l’enfance que le garçonnet entre dans l’âge de raison (p 77).
Mon bel oranger est un roman émouvant et pudique, l’autobiographique d’un auteur qui avec force et délicatesse retrace sa prime jeunesse en gardant l’authenticité du langage et des yeux de l’enfant. On ne peut rester indifférent à la poésie qui s’en dégage, aux moments drôles et aux séquences terribles.
Ce titre appartient à ma liste « Titres d’ordre végétal » ici et à mon quiz ici.
Citations :
– p 15 : ” (…) il ne savait pas [Totoca] qu’on peut chanter en dedans.”
– p 25 : “J’étais fou d’histoires. Plus elles étaient compliquées, plus je les aimais.”