
Monique Houssin et Elisabeth Marsault-Loi, Ecrits de femmes
messidor 1986, 239 pages
Le sous-titre “en prose et en poésie de l’antiquité à nos jours” précise le champ d’étude. Compartimentés par siècles, les textes sont accompagnés d’une biographie succincte et illustrés de quelques gravures ou tableaux, portraits ou photographies.
Ce recueil paraît en 1986. Monique Houssin et Elisabeth Marsault-Loi parlent d’ “écriture féminine”, “écrits de femmes”, “textes féminins”, “femme auteur”, “écrivain femme”, “femme de lettres”, etc.
Aujourd’hui le terme d’écrivaine est largement (pas totalement) accepté mais le débat se scinde encore sur celui d’auteure ou d’autrice.
Ceci étant, l’évolution historique du thème rapidement relatée dans le prologue de l’ouvrage relève les mots “sporadique”, “mineure”, “épiphénomène”, “ostracisme”, “comète fugitive”, etc.
On trouve aussi ceux de “déshonneur du patronyme”, “mise en cause de son identité féminine”, voire “déchéance sociale”.
Le/la lecteur/lectrice constate alors que “l’écartèlement” et “la contradiction sociale” ajoutent aux “mesures répressives” à la création des femmes.
L’instruction des filles au XIXe siècle donne alors le choix – car il se présente comme tel à beaucoup de femmes qui écrivent – entre l’écriture et la maternité. Mais les conséquences se situent ensuite entre la culpabilité et la frustration.
L’identité sociale mouvante de la femme ne lui fournit pas les armes qui sont distribuées aux garçons. Celles qui persistent se retrouvent très souvent dans la marginalité. L’indépendance des femmes est dépréciée par des hommes qui en déduisent une baisse de leur pouvoir et une subversion des rôles.
Cette petite anthologie pluridisciplinaire fait partie des précurseurs. Depuis, le sujet s’est développé. Il faut notamment noter qu’en 2017, Laure Adler et Stefan Bollemann ont publié Les femmes qui écrivent vivent dangereusement (voir article dédié ici) où ils répertorient les personnes, non leurs écrits.
Par conséquent, ce point de départ donne des pistes que chacun.e appréciera à sa convenance et selon sa sensibilité.
Rappelons le livre de Madame de Genlis : La Femme auteur publié en 1802. (article dédié ici)
NB: il est à remarquer que Marguerite Yourcenar n’a pas autorisé sa contribution à l’ouvrage. Est-ce par manque de solidarité? Est-ce qu’elle ne se considérait pas comme une écrivaine (avec un e) ou qu’elle ne voulait pas qu’on l’associe à ce devenir ? Elle n’a pas fait mystère de ses préférences ni de certaines critiques vis à vis de l’émancipation des femmes. Il est regrettable que la première femme académicienne n’ait pas plus soutenu ses consœurs.
Citations:
Vous n’y pouvez, la place est prise,
Sire, vous perdez votre peine :
De ma prier c’est chose vaine
Car un bel et bon m’a acquise. (…)
Christine de Pisan, Rondeaux (Moyen Age, p 35)
Toi qui peux tout animer,
Amour, si pour n’être plus bête,
Il ne faut que savoir aimer,
Me voilà prête.
Catherine Bernard, Riquet à la houppe (XVIIe siècle , p 55)
“A la fois confiant comme un enfant, soupçonneux comme un despote, il croyait à un faux serment et se défiait d’une promesse sincère.”
George Sand, Indiana, Portrait d’un “honnête homme”, (XIXe siècle, p 124)
Aujourd’hui, icare est femme. (sic)
Elsa Triolet, Proverbes d’Elsa (XXe siècle, p 233)