
Bob Leman, Bienvenue à Sturkeyville
Scylla, éditeurs contre les DRM (dispositifs de gestion des droits numériques), lu en numérique, 190 p.
Livre reçu à l’occasion de l’opération « Recevez un livre-publiez un article, chez « Lecteurs.com.
Si les six nouvelles du recueil mettent en scène un échantillonnage de mythes classiques (vers, vampires, « sirènes », familles dégénérées, l’idiot de village…), l’appareil fantastique se développe en mode conte ordinaire (linéarité, mots et phrases simples, absence de morale).
Sur le plan de l’atmosphère, personne ne semble remettre en question l’existence de ces êtres et seule leur élimination devient nécessaire quand leur présence malfaisante est révélée. Les morts s’enchaînent sans donc soulever d’enquête approfondie à chaque fois.
L’essentiel passe presque inaperçu comme si ces monstres faisaient partie du paysage : ce sont « les méchants » du genre humain auxquels « on s’habitue »… Et c’est cette ambiance souvent tranquille, sans cris ni battage villageois qui dérange à la lecture, comme si la monstruosité était inhérente à nos sociétés qui intègrent et tolèrent les erreurs de l’idiot au lieu de les prévenir, qui relèguent et confinent le traumatisé au lieu de le soigner, qui écarte et exclut le mauvais au lieu de le punir.
Toute la partie sombre du cerveau est assimilée et le corps se transforme, se métamorphose, se dégrade.
Métaphores ou paraboles de la soumission, de la compromission, de la décomposition, l’horreur guette à nos portes.