
Michel Houellebecq, la carte et le territoire
j’ai lu 2010, 414 p
Livre assez déroutant : même si on n’est pas forcément intéressé par ce qui est dit (sur la mouche, par exemple), on continue à lire (il y a d’autres commentaires plus incisifs, par ailleurs). De même, la maîtrise de la langue fait que l’on ne saute pas les pages bien que le personnage ne soit pas très sympathique, ni très positif ni très motivant.
L’originalité du livre tient peut-être au fait que Houellebecq se place comme un personnage, pas principal mais pour le moins très important dans le livre. Il se décrit comme misanthrope, morose, dépressif, vieux, décadent, fatigué avant l’âge (p 169), il se présente par périphrase comme l’auteur de + bibliographie, et met en scène sa propre mort par homicide (p 267).
L’auteur fait donc de lui-même un portrait sans complaisance qui rappellerait les Confessions de J. J Rousseau. Il se montre en antihéros. Dans quel but ? Se faire plaindre ? Se faire pardonner ? Par cynisme ou par provocation ? D’autres célébrités font l’objet d’une mise en scène publique : Frédéric Beigbeder, Jean Pierre Pernaut et Julien Lepers qui ont accepté ses propos, ainsi que les journalistes et les people en général auxquels il voue ses critiques acerbes (« fiotte » p 142).
Jed Martin apparaît en définitive comme un double scénaristique qui permet peut-être à l’auteur d’échapper à la censure pour mégalomanie ? Néanmoins, il sait pointer du doigt une certaine société et des valeurs décadentes.
Citation: (p 258): ” le modèle de société proposé par William Morris n’aurait rien d’utopique dans un monde où tous les hommes ressembleraient à William Morris. »