
Christine Montalbetti, Mon ancêtre Poisson
2019, P.O.L, lu en édition numérique, 163 p.
La narratrice fait revivre son arrière-arrière-grand-père : Jules Poisson. À travers la nature qu’il aimait, elle imagine ce botaniste dévoué et commence à communiquer littérairement avec lui.
Elle s’adresse à lui directement à la deuxième personne du singulier et le « tu » se fait informel, bon enfant et affectueux. Assorti d’un possessif appliqué à son prénom : « mon Jules » est familier mais loin d’être irrespectueux car l’arrière-petite-fille voue à cet homme une estime sans limites. Le dialogue qu’elle tisse avec cet être « fantôme » construit des ponts par-delà le temps et l’absence.
Elle reconstitue la généalogie d’un arbre qui, on l’apprend à la fin, s’arrête avec elle. On comprend alors qu’elle redouble de patience pour retracer un parcours qui mène jusqu’à lui, avec ce qu’il comporte d’erreur, de fausses pistes et de légende mais aussi d’anecdotes et de menus faits authentifiés sur les sites Internet aujourd’hui disponibles.
Le ton est résolument léger, voir oral par moment (discours indirect libre), et la trace remonte tendrement le temps, rend le passé présent. En voulant trop raccrocher les éléments, l’auteure se livre parfois à des énumérations un peu longues qui nous égarent. Mais la recherche d’une phrase qui fasse résonner « quelque chose de vrai » semble sincère. Tout comme le long passage sur la Première Guerre Mondiale – que Jules a vécue à l’arrière et que son fils Eugène n’a pas faite puisqu’il s’était installé au Dahomey – qui vient rompre avec les pages précédentes.
Ce n’est pourtant pas sur ce bémol en guise de final que s’achève notre promenade dans cette histoire de famille. Car la poésie du temps retrouvé, réécrit ou réinventé laisse au lecteur sa part de rêve.