
Montaigne à Saint Michel de Montaigne
Écrivain, philosophe, moraliste et homme politique (1533-1592).
A côté de ses charges politiques, Montaigne consacre son temps à la méditation, à la lecture, et à l’écriture des Essais, à Saint Michel de Montaigne où je tente de retrouver les traces de sa présence lors de ma visite.
Un incendie ravage le château de Montaigne en 1885, il est presque entièrement détruit. La tour datant du XIVe siècle qui est devenue son repaire a échappé au feu, elle est intacte encore aujourd’hui. Ma démarche étant de “marcher dans les pas” de Montaigne le temps d’une balade dans son domaine, je me suis donc invitée à la visite de la tour, cet été 2019.
Commençons donc par le jardin avant d’entrer sous le porche: les armoiries de Montaigne: « Je porte d’azur semé de trèfles d’or, à une patte de lion de même, armée de gueules […] Quel privilège a cette figure pour demeurer particulièrement dans ma maison ? » (Essais, I, 46.).
Je retrouve la patte de lion dans un petit parterre à la française qui dessinent de manière stylisée les phalanges d’une patte.

Nous attendons la guide dans la cour intérieure face au château reconstruit. Puis nous entrons dans la tour où Montaigne s’est aménagé un refuge consacré à sa liberté, à sa tranquillité et à ses loisirs. Face à cette tour se trouve une autre tour, supposée être celle de son épouse. Le mariage n’était pas autrement heureux semble-t-il puisqu’il aurait dit à peu près en ces termes : le meilleur mari est sourd et la meilleure épouse est aveugle, et que nous pouvons constater de visu que la tour (dédiée à sa femme) n’a pas de fenêtre !!!

Nous démarrons par le rez de chaussée où se trouve l’oratoire, sous un plafond étoilé. Montaigne, élevé dans la religion catholique gardera la porte de son domaine ouverte pour conserver la cordialité et l’ouverture d’esprit qu’il entretenait avec son entourage et ce malgré la situation à l’époque concernant le problème religieux.

Au premier étage: deux pièces. la chambre (cheminée et deux fenêtres sur l’avant) et la garde robe (une fenêtre sur la cour pour “surveiller” son domaine).

Au deuxième étage: la librairie: les quelques mille ouvrages rassemblés dans sa librairie ont été dispersés. c’est bien sûr une déception mais il fallait s’y attendre, mais l’aménagement ne restitue pas la présence de cette bibliothèque disparue . Seuls la table et le fauteuil trônent au milieu de la pièce. Sur le mur derrière le fauteuil, le souvenir de son ami La Boétie.


Cependant une surprise nous attend: Montaigne a fait orner les poutres de sa bibliothèque de maximes, en latin ou en grec, d’auteurs anciens. Une seule est en français, la célèbre : « Que sais-je ? » (nous connaissons les éditions qui ont pris ce nom).

Les essais sont donc écrits dans cette pièce. Entrepris en 1572, premier recueil en 1580. remaniés jusqu’aux derniers mois avant sa mort, mis à l’Index par le Saint-Office en 1676, ils représentent le projet de se peindre soi-même à l’instar de saint Augustin et de Jean-Jacques Rousseau afin que chacun en tire profit car « Chaque homme porte la forme entière, de l’humaine condition » . Sur la table, l’exemplaire de l’édition de 1588, dit Exemplaire de Bordeaux, présente les pages raturées et corrigées par la main de l’auteur.

Le Journal de voyage n’est pas destiné à être publié (il ne le sera retrouvé qu’en 1770, deux siècles après la mort de Montaigne). Ce sont des notes sur la santé de Montaigne et les curiosités locales.
On peut voir une photo de Marie de Gournay (1565-1645), sa « fille d’alliance » sur le mur, à côté du fauteuil. Elle consacra sa vie et sa fortune à la postérité des Essais.
En conclusion de ma visite, si les éléments principaux sont là (hormis la bibliothèque) la présence de quelques livres ou autres objets permettant de recréer une atmosphère sont rares. La sobriété du décor est peut-être authentique (à part la chambre) mais reste un peu froide pour donner une idée d’un homme qui ne fut pas austère.
Le reste du jardin ne semble pas être très “habité”, comme le château principal, d’ailleurs, que je n’ai pas visité, les horaires d’ouverture étant différents.
A lire et écouter, une émission de France Culture sur le Tombeau de Montaigne ici