
Commentaire sur : qu’est-ce que le style littéraire
Voici quelques citations piochées…
Chez les anciens :
Sénèque : Le style est le vêtement de la pensée.
Aristote : La première qualité du style c’est la clarté.
Victor Hugo : L’adjectif, c’est la graisse du style.
Et chez les nouveaux :
Jean Cocteau, 1960 : Il ne faut pas adopter un style. Il faut avoir du style et alors si vous avez du style vous pouvez vous répéter mais dans tous les sens et sous différents angles. C’est comme un objet que vous montrez sous différentes lumières et qu’on découvre des beautés qu’on ne découvrirait peut-être pas dans un seul regard.
Léopold Sédar Senghor, 1961 : Les valeurs de la sensibilité et de la sensualité, les images, les couleurs, les rythmes sont la matière essentielle de la poésie négro-africaine.
Nathalie Sarraute, 1973 : C’est quelque chose qui est en train de se faire dont on ne sait pas ce que c’est et dont on ne sait pas où ça va. C’est ça, c’est de l’existence.
Frédéric Dard, 1975 : L’imagination tu ne peux pas la contrôler c’est elle qui s’impose à toi. Tu te mets devant une feuille blanche et puis brusquement tu te mets à raconter une histoire. Et il y a des personnages qui surgissent de ton passé, de tes fantasmes et alors tu te mets à tartiner et puis ces gars prennent corps ils ont un sang, ils ont une gueule, ils font des choses qui t’épatent toi-même.
Julien Green, 1983 : Ça ne coule pas de source. J’ai beaucoup de difficultés à écrire pour obtenir cette simplicité, c’est ce qu’il y a de plus beau la simplicité. Quand je me trouve à cette table avec rien dans la tête, rien à dire, la page blanche et puis il faut que quelque chose se passe, je suis malheureux et puis tout à coup les phrases viennent très lentement et elles se succèdent.
Marguerite Duras, 1984 : Du style je ne m’en occupe pas. Je dis les choses comme elles arrivent sur moi, comme elles m’attaquent si vous voulez, comme elles m’aveuglent. L’écriture courante que je cherchais depuis si longtemps je l’ai atteinte. Par écriture courante, je dirai écriture presque distraite qui court qui est plus pressée d’attraper des choses que de les dire. Je parle de la crête des mots c’est une écriture qui courrait sur la crête pour aller vite, pour ne pas perdre.
Françoise Sagan, 1984 : J’ai envie d’aller vite. Au début c’était parce que je tapais à la machine et comme je tapais avec 3, 4 doigts ou 6 doigts, enfin j’exagère un peu mais il y avait un petit côté matériel. Et donc j’avais envie d’aller au plus vite pour abréger ce supplice. Mais en dehors de ça j’aime bien aller vite à l’essentiel, s’il y a un essentiel et je n’ai pas envie de tournicoter.
Simone de Beauvoir, 1984 : Quand j’écrivais Le Deuxième sexe, je ne me souciais pas tellement de la manière dont c’était écrit, il y avait des choses à dire et même s’il fallait les dire d’une façon un peu difficile en employant du vocabulaire philosophique je cherchais avant tout l’exactitude de ma pensée. Quand j’écris un roman, il faut arriver à faire vivre des êtres imaginaires et pour cela il faut que le langage même serve de chair et d’os à ces personnages.
Il y a le style coupé (court, rapide et expressif); le style lié ( raisonnement ample et explicatif); le style oratoire (rythmé et accumulatif); le style affectif (haché, désorganisé, insistant et exclamatif)…selon les types de discours…
Mais aujourd’hui, qu’est devenu le style littéraire ?
Y-a-t-il un style moderne? Post-moderne?
Une “déconstruction” s’est imposée, semble-t-il. Les règles de la syntaxe et de la ponctuation ont volé en éclats et celles de la narration prend des libertés…
Maurice Denis a déclaré: « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées”. Personnellement, je dirai donc qu’un livre, avant d’être un sujet, une histoire ou une quelconque anecdote, est essentiellement une page recouverte de mots en un certain ordre assemblés.
Enfin, le style d’un écrivain, c’est le mélange des styles en un certain ordre agencés.
Car, il ne faut pas oublier ce qu’en a dit Paul Valéry : “ Le style, pour l’écrivain aussi bien que pour le peintre, est une question non de technique mais de vision.”
Par conséquent, il faut savoir accorder la méthode à la pensée.
Toutefois, je me pose la question: à vouloir avoir forcément du style, certains ne s’en donnent-ils pas un, à tous prix ?