
Elsa Morante, La Storia
Folio, tome I, 536 p et tome II, 442 p
Dans Frantumaglia, Ferrante parle en bien d’Elsa Morante à laquelle un journaliste la compare. J’ai donc eu envie de lire Morante (le journaliste avait fait allusion à la ressemblance entre Ferrante/Morante et Elena/Elsa, et j’ai donc commencé La Storia.
La Storia raconte la vie d’une veuve à moitié juive et de ses deux fils (dont l’un est né d’un viol commis par un allemand) pendant la 2ème guerre en Italie.Le tome I traite du début de la 2nd guerre jusqu’à la fin, et le tome II les quelques années qui suivent avec une fin située en 1967.
L’ouvrage est donc découpé en années et comporte des chapitres non titrés ; chaque année étant précédée d’un rappel des faits historiques qui se sont déroulés dans toutes les pays intéressés dans le conflit mondial. La fiction, quant à elle, raconte l’histoire singulière d’une famille pendant la guerre en Italie, à Rome. Le contraste entre les deux types de récit est flagrant et montre une volonté de mettre en parallèle le général versus le particulier et comment la fin de l’un ne change en rien la suite des événements qui poursuivent leur violence avec la même force et les mêmes intérêts.
Morante effleure les thèmes du capitalisme, de l’anarchisme, du communisme et du fascisme, enfin toutes théories politiques et égoïsmes personnels qui broient les pauvres gens qui ne demandent – ni ne comprennent – autre chose qu’une vie où la subsistance et l’amour ne sont pas impossible!
La femme est obsédée par sa moitié juive (par sa mère) et se renferme sur elle-même. Elle commence par cacher l’enfant illégitime. L’enfermement de l’un comme de l’autre est pesant et aggrave une neurasthénie déjà notable avec l’hystérie (contrôlée) de la mère et l’épilepsie (croissante) de l’enfant. En définitive la mère perd son mari, son premier fils puis le second qui perd lui (un père qu’il n’a pas connu), son premier chien, son frère aîné, ses amis David et Scimo…la tragédie devient insupportable.