
Joyce Carol Oates, La fille du fossoyeur
Ed France Loisirs,765 p
L’histoire émouvante d’une famille juive allemande nouvellement exilée aux USA (en 36) confrontée au déclassement, à la pauvreté, aux humiliations incohérentes : juif/nazi, poussée à la folie meurtrière.
La fillette en réchappe de justesse mais se trouve toujours en bute à la médisance (“gitane”) et à la brutalité des hommes ; grâce à une volonté implacable elle réussit à inverser le cycle et à porter son fils aux plus hautes distinctions en tant que pianiste émérite.
Un style particulier, un peu brusque : des retours en arrière dans la chronologie, des phrases sans verbes, des mots vulgaires au milieu d’un vocabulaire correct, des changements de points de vue (je/elle), de temps (le conditionnel projette en avant de revenir au présent puis au passé avec des souvenirs qui flashent) et de genre (la fin est une série de lettres), qui donne le ton à un récit de vie simple et chaotique.
Je viens d’écouter une interview de J.C Oates et je n’imaginais pas l’écrivaine comme la montre cet entretien: je ne sais pas si je suis déçue ou si au contraire j’admire sa possibilité d’être différente ?