
Jean-Paul Sartre, La nausée
Ce livre fonda l’existentialisme sartrien ! A première vue, c’est le roman de l’ennui, de la déprime, un peu comme Moravia et L’ennui (mais lui, il cherchait à se distraire avec les femmes, si mes souvenirs lointains sont bons). Enfin, c’est un thème régulièrement « romancé » (dans le sens de « écrit sous forme de roman » principalement), je pourrais en citer d’autres…Beigbeder avec Un roman français, etc. Bref, La nausée est une réflexion ontologique qui met en scène l’inexistence d’une raison pour exister et que notre existence n’intervient que par rapport aux autres (voir aussi Vendredi et les limbes du Pacifique) un Vendredi et un Robinson qui semblent avoir une « bonne » raison d’exister. Cela parait compliqué mais c’est très simple : conscience versus inconscience. C’est dommage que le roman oppose un écrivain (un intellectuel) à des « petites gens » et induise que la conscience est un fait d’éducation plus que d’intelligence. Il existe pourtant des gens modestes qui ne sont pas dépourvus d’esprit et qui envient le droit d’exister sans ses travers « bourgeois ». Le livre est long, lent et terne et en ce sens Sartre a bien dépeint la situation. L’oisiveté (un peu comme l’Aurélien d’Aragon) et l’indépendance financière ne mènent le personnage qu’à déambuler sans but, sans empathie et sans générosité réelles dans des velléités indéfinies et une indifférence teintée de mépris. On s’accroche aux moments de lucidité et on se persuade que l’on a détecté les bases d’une philosophie pourtant responsabilisante. Etre ou exister? qui rappelle la célèbre réplique d’hamlet: Etre ou ne pas être.