
Sophie Divry, Trois fois la fin du monde
Notabilia 2018, 235 p
Livre reçu dans le cadre du Jury du Prix Landerneau 2018.
Entrée dans le vif du sujet, phrases courtes, cassantes, rapides. Malgré une bonne documentation sur le milieu carcéral, on sent sous l’argot la bonne éducation de l’autrice (quelques mots la trahissent dont par exemple : «désincarcérer », « incicatrisée », « si bellement »…).
C’est un roman post apocalyptique, une robinsonnade très fortement contrastée entre la trivialité du petit voyou et la poésie du fermier.
Pourquoi ce titre : Trois fois la fin du monde?
Parce qu’il existe trois fins possibles?
1/la mort du frère, la prison
2/la catastrophe
3/la vie sauvage, la solitude
Quels que soient les noms que l’on donne à ces parties, que représentent-elles en tant que fins : la fin d’un monde “presque innocent” pour Joseph qui travaille mais qui sait que son frère est un voyou et qui l’aide ?
La fin de la liberté pour l’incarcération (et la cruauté) pour Joseph ?
La fin de la liberté sur la terre qui voit sa superficie divisée en deux zones, une libre mais vide et une autre, non contaminée mais réglementée ?
La fin de l’individu en tant qu’individu, indépendant et auto suffisant ?
Quant à la fin du livre : l’homme revient seul vers la zone des rescapés, vers les humains ? Ne l’était-il plus en étant seul avec des animaux ? C’est un “presque innocent” qui redécouvre les bienfaits – et les limites – de la nature: un nouveau bon sauvage?
En fait, ce roman pose trois fois plus de questions.