
Serge Joncour, Chien loup
Flammarion 2018, 476 p
Livre reçu dans le cadre du Jury du Prix Landernau 2018.
L’histoire est originale (des lions dans le Causse!) et le suspense créé par la construction du roman ont excité ma curiosité. J’ai pourtant quelques griefs d’ordre stylistique sur des longueurs et quelques redondances : l’auteur aurait pu faire plus court, plus concentré et en aurait gagné en dynamisme.
Je pense que l’alternance est un procédé intéressant qu’il fallait poursuivre jusqu’à la fin, pour qu’il reste cohérent. Toutefois, j’aurais aimé qu’une raison plus intense unisse ces deux périodes (seules la maison et la cage font le lien), j’aurais opté pour un dénouement plus spectaculaire en quelque sorte…
Pourquoi ce titre? Le chien-loup est un élément important, mais on ne sait pas d’où il vient et ce qu’il est sensé faire si ce n’est d’être le meilleur ami de l’homme pour le réconcilier avec la viande, la nature et la volonté virile, toutes choses que Franck semble avoir délaissées? Est-ce un fantôme qui resurgit pour nous rappeler à nos instincts primitifs !?! Est-ce une allégorie? Les peurs, les fantasmes étaient des ressorts pour installer une densité…qui reste absente à la fin, comme si elle aussi avait basculé dans le vide avec les brebis, ces ressorts méritaient d’être étoffés à la fin… au lieu d’un happy end.
Quant au bandeau appliqué du livre, à part que cela donne un peu de couleur et une image sur la couverture (uniforme et monochrome), il montre une nuque nue, offerte, féminine, pourquoi ?
Et les mots en exergue “l’annonce parlait de calme, de paix assurée”? en ce qui concerne la maison, d’accord, mais en ce qui concerne cette nuque, il évoque soit une note érotique soit un danger vécu par une femme : est-ce en référence à la partie 1914? à la femme du médecin et à sa liaison avec le dompteur? Sans doute finalement ! (à moins que ce ne soit que du marketing?)
Enfin, c’est un roman qui appuie sur un échantillonnage de maux “modernes”: accroc au web, l’âge, le déclassement…d’un côté, et de maux “anciens”: désarroi face à la guerre, superstition…d’un autre côté, un peu caricaturaux.
L’alternance des deux époques les souligne et les fait se rencontrer : rancœur, brutalité, isolement.
Maux intemporels.