
Pascal Manoukian, Le paradoxe d’Anderson
Seuil 2018, 295 p.
Livre reçu dans le cadre du Jury du Prix Landernau 2018.
L’énergie et l’imagination de Christophe pour détourner la mauvaise humeur, le moral au plus bas, distraire et enchanter ses enfants et sa femme, tout cela au quotidien et avec ses moyens est plus que louable. Mais l’émotion, la colère, l’empathie même envers le protagoniste retombent lorsque, – héroïsme ou égoïsme? -, le père opte pour un choix discutable.
Ce n’est pas un traité d’économie, bien entendu (et bien qu’avec brio, l’auteur entremêle certaines théories), mais aurait-il pu y avoir des embryons d’idées (sans démagogie bien sûr), un espoir (sans trop de bons sentiments illusoires non plus), plutôt que cet échec (ou bien est-ce l’échec la seule fin envisageable?)
Je conçois tout à fait la rage qui anime le personnage principal, mais elle entraînera après lui, un peu plus encore dans la précarité et le traumatisme sa femme et ses enfants.
Cette violence apparaît davantage comme une fuite que comme une solution. Le personnage du roman est-il symbolique de l’échec ou de la réussite du capitalisme en réalité? Le capitalisme tue (pour dire le mot crûment) jusqu’à maintenant car il est le plus fort (problématique de la raison du plus fort et de « notre » nature sauvage). Est-ce un avenir inéluctable, essentiel à l’évolution (cf. la sélection naturelle et l’obsolescence ?), ou bien est-ce un échec total dans le sens ou il détruit toute humanité dans les êtres humains?
Où est le progrès?
Il est vrai que l’artiste n’est pas là pour apporter des réponses mais pour poser des questions.